Au sommaire ce mois-ci :
p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : International : Allemagne – Turquie - Etats-Unis / p. 3 à 6 : Place au débat : Après les déroutes électorales, mettre leur austérité en déroute / p. 6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Duralex – Valéo – Poulain / Avez-vous remarqué ? /p. 8 : Coup de gueule : Que reste-t-il de notre République ?
L’édito de Pierre Kerdraon
Ainsi, il aura fallu près de 60 jours à Macron pour nommer un Premier ministre. Faisant fi des résultats des législatives, celui qui se voulait Jupiter a choisi le plus compatible avec Le Pen et le Rassemblement national. C’est une insulte non seulement à la gauche mais aussi à tous les électeurs qui se sont massivement rassemblés dans le Front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite. Au-delà du prétexte que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire, risquait d’être censurée dès son discours de politique générale, ce choix illustre la volonté du Président de faire barrage à la gauche. Pourtant, Lucie Castets a su en quelques semaines apparaître comme une candidate crédible à la fonction de Premier ministre. Après le 1er ministre le plus jeune de la cinquième République, nous avons donc droit au plus âgé. Gaulliste social nous chante la presse aux ordres des milliardaires. Mais qu’y a-t-il de social dans le parcours politique de celui qui, en 1981, a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité ? On cherche en vain une mesure de justice sociale prise par cet ancien commissaire européen, plusieurs fois ministre sous les présidents de droite. Certes, il n’est pas facile de décrypter ce qu’a voulu le peuple en donnant une Assemblée nationale morcelée en trois blocs antagonistes. Néanmoins, ce n’est certainement pas ni la continuation du macronisme ni un virage à droite toute sur le plan social. Le peuple n’a pas abandonné son souhait de voir abrogée la réforme des retraites ni son désir d’une augmentation des salaires – et pas seulement du SMIC – ou d’un effort important en faveur des services publics, à commencer par l’éducation et la santé. Il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que ces souhaits soient exaucés avec un premier ministre dont la survie dépendra plus que jamais du Rassemblement national. (...)
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p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent : le salaire des enseignants / p.3 à 6 : Place au débat : Crise de régime / p.6 : Avez-vous remarqué ? : Déluge de plans sociaux / p.7 : International : États-Unis - Royaume-Uni - Australie - Iran / p.8 : Coup de gueule : Rapport 2024 sur les riches
L’édito de Pierre Kerdraon
Je commencerai cet édito par dire mon soulagement à la suite du second tour des élections législatives. Contrairement à ce que prévoyaient les sondages, le Rassemblement National n’a ni la majorité absolue ni la majorité relative. Cela est dû à la forte mobilisation des Français qui n’ont pas hésité pour certains à voter pour des candidats dont ils ne partageaient pas les orientations afin d’empêcher le parti de Le Pen et Bardella d’obtenir un siège. Satisfaction aussi de voir le Nouveau Front Populaire arriver en tête au soir de cette élection même s’il ne s’agit que d’une majorité relative. Le Président a subi deux défaites majeures en à peine un mois. A défaut de se démettre, il doit se soumettre à la volonté du peuple. Sa tardive lettre aux Français n’indique cependant pas qu’il en prend le chemin. Plein d’arrogance à son habitude, il feint d’ignorer la défaite de son camp. Il est vrai que la tentation est grande chez certains macronistes et LR de faire une alliance de la droite pour empêcher la gauche d’arriver au pouvoir. Philippe, Darmanin, Le Maire ou encore Gérard Larcher, le Président du Sénat, n’ont rien perdu de leur morgue. Une coalition Ensemble/LR n’a pour autant pas plus de chance de voir le jour que sous la précédente législature, ne serait qu’en raison des ambitions présidentielles de Wauquiez. Mais tout ce qui équivaudrait à reconduire d’une manière ou d’une autre l’ancienne majorité macroniste serait vécu comme une trahison tant par les électeurs de gauche que par les électeurs qui ont choisi le vote RN. Ce serait ouvrir un boulevard à Le Pen lors de la prochaine élection. En outre, loin de l’apaisement que souhaite le peuple, ce serait la voie ouverte à une forte explosion sociale. Pour l’éviter, le Nouveau Front Populaire doit rapidement proposer un premier ministre et un nouveau gouvernement au Président. Ne nous le cachons pas : ce n’est pas une promenade de santé qui attend les députés du NFP. Si comme le veut la tradition républicaine, le président Macron nomme un premier ou une première ministre issue du groupe arrivé en tête, le NFP aura une obligation de résultat. Les Français attendent une autre politique fondée sur la justice sociale, le pouvoir d’achat, l’égalité, la sécurité, la laïcité, les services publics. Bien sûr, ils attendent d’abord l’abrogation de la réforme des retraites. Alors que la construction de nouveaux logements n’a jamais été aussi faible, il faut une autre politique du logement. Sans majorité absolue des compromis seront nécessaires. Mais contrairement à ce qu’on nous serine depuis dimanche, un gouvernement de gauche ne serait pas plus exposé à une motion de censure qu’un gouvernement Ensemble/LR. Compromis ne veut pas dire compromission. (.../...)
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p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Mexique, Afrique-du-Sud, Iran) / p.3 à 6 : Place au débat : battre l’extrême-droite et la droite / p.7 : Les brèves de l’actualité sociale / p.8 : Communiqué de « Notre santé en danger »
L’édito de Pierre Kerdraon
Alors que se profile la venue de l’été, on aurait pu espérer en ce mois de juin, qui a parfois un air d’automne, retrouver calme et sérénité malgré une situation internationale toujours aussi tendue. C’était sans compter l’apprenti-sorcier qu’est Macron. En prenant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale alors que rien ne l’obligeait à le faire malgré le mauvais score de sa candidate aux Européennes, le Président de la République démontre que, loin d’être un barrage contre le Rassemblement national, il est prêt à lui ouvrir toutes grandes les portes du pouvoir pour satisfaire son orgueil. N’est pas De gaulle qui veut. Les émeutes de juin 2023 n’ont pas grand-chose à voir avec l’explosion de mai 1968. En 1968, De Gaulle avait réussi à faire croire qu’il était le meilleur rempart contre l’explosion sociale. Aujourd’hui Macron, ce n’est pas « moi ou le chaos » c’est « moi et le chaos ». Gilets jaunes, réforme des retraites, casse des services publics, insécurité sociale grandissante, Macron est parvenu à susciter un tel rejet que même ceux qui s’apprêtent à se lancer pour son programme dans la bataille des législatives refusent de se référer à sa personne. Comment peut-il croire qu’il réussira à nouveau à constituer une majorité alors que certains sondages évoquent même la possibilité de la disparition du parti macroniste ? Et puis comment le croire quand il nous dit qu’il a entendu la colère du peuple quand son premier ministre annonce qu’il publiera le 1er juillet les décrets sur l’assurance chômage ?
Danger d’autant plus grand de voir le RN accéder au pouvoir qu’une partie de la droite n’hésite pas à faire alliance avec le parti de Bardella/Le Pen. Il est vrai qu’au fil des décennies ce qui sépare la droite et l’extrême-droite en matière de sécurité et d’immigration est devenu ténu. On l’a vu avec la dernière loi sur l’immigration. .../...
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p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Argentine, Inde / Les bras m’en tombent : le salaire de Tavares / p.3 à 5 : Place au débat : réquisitoire contre cette Europe / p. 6 : Actualité sociale / Avez-vous remarqué : A propos de la dette / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 : Coup de gueule : vers un retour au régime de Vichy ?
L’édito de Pierre KERDRAON
En ce début mai nos yeux sont tournés vers la Nouvelle Calédonie. L’explosion de violence de ces derniers jours a quelque chose à voir avec le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Mais le vrai problème est avant tout social. Une partie importante des calédoniens notamment kanaks vit sous le seuil de pauvreté. Les prix en Nouvelle Calédonie sont jusqu’à trois fois plus élevés qu’en France métropolitaine. Alors oui certes il y a sans doute de l’ingérence étrangère, qu’elle vienne d’Azerbaïdjan ou de Chine mais il y a d’abord un terreau fertile qui explique qu’une partie de la jeunesse de Nouméa se livre à des exactions et des pillages, entrainant la population calédonienne dans la violence et dans la pénurie alimentaire et sanitaire. A l’évidence, la réponse ne peut pas être que sécuritaire. Comme après les émeutes de juin 2023 en métropole, il faut une réponse sociale et politique. Ne nous leurrons pas. Même si l’ordre est rétabli, tant que celle-ci n’aura pas été apportée le problème perdurera.
Comme il perdure sous forme larvée en métropole. La violence qui attise une partie de notre jeunesse encouragée par les réseaux sociaux témoigne d’une difficulté à trouver sa place dans un pays où l’écart entre les pauvres et les riches n’a jamais été aussi grand. Il ne faut pas s’étonner si une partie toujours plus grande de la population en France comme dans les autres pays démocratiques se tourne vers les solutions simplistes de l’extrême-droite. Le capitalisme qu’il soit ancien ou néo produit toujours plus d’inégalités.
L’accaparement du pouvoir par une élite, qu’elle se drape dans les habits de la droite ou d’une prétendue gauche devient de plus en plus insupportable à la population qui ne se sent pas entendue, voire qui a le sentiment, pas toujours faux, d’être méprisée. Cela renforce le repli sur soi, le rejet de l’autre, le racisme sous toutes ses formes.
Pour autant, il ne faut pas désespérer. Que ce soit dans les associations, dans les syndicats, dans certains partis politiques, des femmes et des hommes luttent chaque jour pour tenter d’imposer une autre logique, pour que les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité - ne soient pas seulement aux frontons de nos mairies mais soient partagées par la société toute entière. (...)
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p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 5 : Place au débat : « Gigaspillages » avec notre argent / p 5 : Les bras m’en tombent / Casse de la SNCF et écologie / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.7 : Avez-vous remarqué ? : Les lobbys de Bruxelles / p.8 : Coup de gueule : pour le gouvernement, le déficit, c’est les chômeurs !
L’édito de Pierre Kerdraon
Haro sur le déficit ! Telle pourrait être la nouvelle devise du gouvernement. Sous prétexte d’éviter une baisse de la notation de la France par les agences de notation - qui aurait pour conséquence d’augmenter le coût des emprunts pour l’Etat et donc de renchérir la dette -, les mesures proposées par le gouvernement qui consistent à diminuer les dépenses de l’Etat notamment en matière sociale vont à l’encontre du but recherché : la réduction du déficit. En effet, moins les Français ont d’argent, moins ils dépensent et donc moins l’Etat récupère de TVA notamment. Or, l’augmentation du déficit ne provient pas d’une augmentation des dépenses mais de moindres recettes pour l’Etat.
On ne peut pas s’étonner du déficit quand on additionne les cadeaux fiscaux consentis aux entreprises ces dernières années. Surtout que, dans le même temps, les bénéfices des actionnaires, notamment ceux des entreprises du CAC 40, n’ont jamais été aussi hauts, tandis que les bonus des dirigeants comme Thierry Desmarets, le PDG de Total, explosent.
Si le gouvernement était soucieux de justice sociale, nul doute qu’il commencerait par encadrer dividendes et bonus pour qu’une fraction soit reversée à la collectivité nationale.
Au lieu de cela, son totem – pas de hausse d’impôts - revient à faire peser la lutte contre le déficit sur les seuls salariés, qu’ils soient en activité, en maladie, au chômage ou à la retraite.
Encore que, pour le moment, ces derniers semblent exemptés, élections européennes obligent. Macron sait, en effet, qu’une partie non négligeable de son électorat se trouve parmi les retraités.
Alors, des pistes sont lancées comme de nouvelles réductions des indemnités chômage ou le licenciement des fonctionnaires. Pourtant, même le patronat apparaît réticent quant à de nouvelles mesures contre les chômeurs.
Quant à la question des licenciements des fonctionnaires lancée par le ministre de la fonction publique Guérini, elle apparaît surtout comme une attaque frontale et maladroite envers les syndicats au moment où ceux-ci sont engagés dans une négociation pour offrir des contreparties aux fonctionnaires qui seront mobilisés pendant les jeux olympiques et paralympiques.
De fait, toutes ces mesures annoncées ne vont pas favoriser le dialogue social alors qu’il faudrait au contraire souder la nation face aux échéances qui l’attendent. (...)
REsistance SOciale
Association loi 1901
Siège social :
121 avenue Ledru Rollin
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Tel : 06 33 82 05 15
Présidente de RESO
et directrice de la
publication :
Marinette BACHE