Journal RESO n° 237
Juin 2024
Mis en ligne le 18 juin 2024

Au sommaire ce mois-ci

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Mexique, Afrique-du-Sud, Iran) / p.3 à 6 : Place au débat : battre l’extrême-droite et la droite / p.7 : Les brèves de l’actualité sociale / p.8 : Communiqué de « Notre santé en danger »

L’édito de Pierre Kerdraon

Alors que se profile la venue de l’été, on aurait pu espérer en ce mois de juin, qui a parfois un air d’automne, retrouver calme et sérénité malgré une situation internationale toujours aussi tendue. C’était sans compter l’apprenti-sorcier qu’est Macron. En prenant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale alors que rien ne l’obligeait à le faire malgré le mauvais score de sa candidate aux Européennes, le Président de la République démontre que, loin d’être un barrage contre le Rassemblement national, il est prêt à lui ouvrir toutes grandes les portes du pouvoir pour satisfaire son orgueil. N’est pas De gaulle qui veut. Les émeutes de juin 2023 n’ont pas grand-chose à voir avec l’explosion de mai 1968. En 1968, De Gaulle avait réussi à faire croire qu’il était le meilleur rempart contre l’explosion sociale. Aujourd’hui Macron, ce n’est pas « moi ou le chaos » c’est « moi et le chaos ». Gilets jaunes, réforme des retraites, casse des services publics, insécurité sociale grandissante, Macron est parvenu à susciter un tel rejet que même ceux qui s’apprêtent à se lancer pour son programme dans la bataille des législatives refusent de se référer à sa personne. Comment peut-il croire qu’il réussira à nouveau à constituer une majorité alors que certains sondages évoquent même la possibilité de la disparition du parti macroniste ? Et puis comment le croire quand il nous dit qu’il a entendu la colère du peuple quand son premier ministre annonce qu’il publiera le 1er juillet les décrets sur l’assurance chômage ?

Danger d’autant plus grand de voir le RN accéder au pouvoir qu’une partie de la droite n’hésite pas à faire alliance avec le parti de Bardella/Le Pen. Il est vrai qu’au fil des décennies ce qui sépare la droite et l’extrême-droite en matière de sécurité et d’immigration est devenu ténu. On l’a vu avec la dernière loi sur l’immigration. .../...

Alors que l’on vient de fêter le 80ème anniversaire du débarquement en Normandie, qui allait permettre la libération de la France du joug du nazisme et de ses sbires fondateurs du Front National, il est temps d’ôter le masque sous lequel se cache le Rassemblement National. Qui peut croire un instant que les prétendues mesures sociales que met en avant le parti à la flamme verront le jour ? On le voit avec le rétropédalage sur la réforme des retraites ou avec l’accord passé avec Eric Ciotti qui préconise la retraite à 65 ans. En revanche, il y a un énorme risque, si le RN arrive au pouvoir, que les syndicats et associations qui agissent dans le domaine social voient leurs moyens baisser, que les droits des salariés subissent des coupes claires, que les salaires des plus riches soient encore moins taxés. N’oublions pas que là où l’extrême-droite a conquis le pouvoir, elle s’est toujours appuyée sur le patronat.

Dans ce contexte, on ne peut que saluer le l’accord de l’ensemble de la gauche politique, syndicale et associative autour du Nouveau Front Populaire face au danger que représente le Rassemblement national. Sans occulter le fait que le souvenir est encore bien présent au sein de l’électorat du social libéralisme des années Hollande qui ont tant abimé la confiance envers la gauche dans son ensemble. Il faudra plus qu’un coup de com pour que celle-ci soit retrouvée. Pourtant, il est temps qu’une autre politique sociale, économique, écologique soit mise en place pour rendre à notre peuple ce qui fait les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité, laïcité.

Ce qui, il y a encore peu, paraissait inaccessible devient possible grâce au « Nouveau Front Populaire ». Rien n’est joué et, bien que courte, la campagne sera intense et difficile mais l’espoir dope les énergies. De toute façon, quel que soit le résultat au soir du 7 juillet, il faut un groupe de gauche le plus haut possible afin que, s’il n’accède pas au pouvoir, il soit en capacité d’être un rempart pour les plus faibles et les plus démunis.

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