Au sud de Madagascar, une entreprise d’agrobusiness s’est appropriée plusieurs milliers d’hectares de terre de pâturage pour pratiquer une agriculture intensive de géraniums et d’eucalyptus. Tozzi Green transforme ensuite ces fleurs en huiles essentielles, destinées au marché européen, menaçant la sécurité alimentaire du sud du pays. La population pastorale du mont Kelivondraka se rassemble autour d’un souhait commun : la préservation des espaces de pâturages menacés.
Un péril manifeste pour l’ethnie Bara dont la survie dépend essentiellement de la bonne santé de son cheptel. Les éleveurs pasteurs Bara sont l’un des principaux producteurs de viande sur la grande île. Aujourd’hui, l’entreprise italienne occupe 6 731,5 hectares dont 800 sont dédiés aux géraniums. Ainsi, elle exporte 3000 kg d’huiles essentielles par an vers le marché européen. Un projet financé notamment par des banques de développement belges et finlandaises. La commission européenne estimait que 2,29 millions de Malgaches auraient besoin d’une aide humanitaire d’urgence au milieu de l’année 2024.
Des associations belges et italiennes et de la diaspora malgache en France ont déposé un recours auprès de l’OCDE en Italie. Pour l’avocat chargé de représenter les plaignants, l’entreprise manque de transparence et ne consulte pas suffisamment les populations locales. Par ailleurs, des intimidations pratiquées par l’entreprise lui ont aussi été rapportées. La question du consentement des populations lors de la cession des terres est posée. Autant de faits contraires aux prérogatives dictées par l’OCDE. « Si l’accaparement des terres ne relève pas directement du droit international, toutes les conséquences qui en découlent relèvent, elles, du droit international puisque l’accaparement des terres vient violer des droits humains comme la sécurité alimentaire », conclut l’avocat. Sollicité, le point de contact national de l’OCDE en Italie n’a pas répondu.
Face à toutes ces polémiques, le géant italien de l’énergie verte devra rendre les 6 731,5 hectares qu’il exploite au terme de son bail prévu en... 2042. En attendant, les troupeaux de zébus d’Ihorombe pourraient se raréfier, mettant un peu plus en péril la fragile sécurité alimentaire du pays.