Le cancer du sein est une maladie de femmes, puisque seulement 1 % des diagnostics concernent les hommes. Elles sont 60 000 à être ainsi atteintes chaque année. L’année dernière, l’assurance maladie dénombrait plus de 700 000 femmes vivant avec un cancer du sein actif, en phase de traitement ou en surveillance. C’est le cancer féminin le plus meurtrier, avec 12 000 décès chaque année.
Comme pour les autres cancers, les effets collatéraux sont difficiles à supporter, y compris psychologiquement : perte des cheveux, des dents, des ongles… Pire, ce cancer touche à l’intimité, à la féminité avec l’ablation des seins. Il impacte aussi lourdement la vie de famille, de couple comme l’activité professionnelle.
Les patientes bénéficient systématiquement du régime de l’affection longue durée, un statut qui permet, en théorie, une prise en charge dite « intégrale » du traitement par l’Assurance maladie. Dans la pratique, le reste à charge moyen est tellement important, et en augmentation, qu’il précarise les malades et peut même les conduire à renoncer aux soins. Selon une étude menée en 2019 par la Ligue contre le cancer, plus de la moitié des femmes de moins de 40 ans atteintes d’un cancer du sein éprouvent des craintes pour leur budget. Ces dépenses sont dues aux dépassements d’honoraires pour des soins réalisés en secteur privé en l’absence d’offre adaptée dans le secteur public, à des prestations et produits médicaux prescrits mais non remboursés, tels que des brassières post-opératoires, des séances d’activité physique adaptée, des soins de socio-esthétique, des consultations de diététique, le suivi psychologique…
Cette année, Octobre rose pourrait saluer une véritable avancée avec le vote à l’unanimité de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale de la proposition de loi du Groupe GDR, son vote également à l’AN, le 30 mai. Il s’agit de l’élargissement, par décret, du panier de soins et de soins de support remboursables, la prise en charge des prothèses capillaires, quelle que soit la catégorie et le tarif ou encore le remboursement du renouvellement des prothèses mammaires au bout de dix ans. Ceci ne s’est pas fait, malgré le soutien de députés macronistes, sans l’opposition du gouvernement et d’une partie de la droite au prétexte qu’on favorisait la prise en charge d’un certain type de cancer et créait une inégalité de traitement. Eh oui, ce sont ces arguments qui ont été employés : ce n’est pas la décence qui les étouffe ! Notons que pas un d’entre eux n’a proposé d’étendre à tous les traitements anti-cancéreux cette possible prise en charge. Ou de faire en sorte que le service public ait les moyens de soigner toutes les femmes atteintes…
Il reste une étape à franchir : celle du Sénat. Pour qu’une loi soit validée, elle doit être votée dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale et au Sénat ou en cas de désaccord par une commission mixte paritaire avec dernier mot à l’Assemblée nationale. Verdict le 30 octobre.