Au sommaire ce mois-ci :
p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : International : Afghanistan - Madagascar / p. 3 à 6 : Place au débat : Michel Barnier veut 60 milliards, les voilà ! Et sans austérité / p. 6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 : Coup de gueule : 100 000 fonctionnaires territoriaux en trop, vraiment ?
L’édito de Pierre KERDRAON
Comme on pouvait s’y attendre, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre n’a rien révélé de social. Si dans son projet de budget on note de timides impositions supplémentaires pour les grosses entreprises et les personnes les plus fortunées, force est de constater que l’essentiel ce sont des coupes sévères dans les services publics comme l’éducation (4 000 postes d’enseignants supprimés) ou la justice (500 millions € en moins), dans la santé (remboursements d’assurance-maladie avec des transferts de la sécurité sociale vers les mutuelles pour ceux qui ont la chance d’en avoir)… Bien sûr, pas touche à la réforme des retraites sinon à la marge. On laisse les partenaires sociaux discuter de l’assurance chômage mais qui nous dit qu’au final le gouvernement Barnier ne fera pas comme celui d’Attal en imposant sa propre réforme ?
Justification de tout cela : le déficit qui aurait dérapé en 2023 et 2024. Pour autant, aucune analyse pour expliquer ce dérapage. Le Premier ministre feint de s’en remettre aux parlementaires et à une éventuelle commission d’enquête pour comprendre ce qui s’est passé. Comme s’il n’était pas évident que c’est la politique de l’offre conduite par Macron depuis dix ans qui en est la principale cause. Depuis une décennie, l’impôt sur les sociétés et sur les plus fortunés n’a cessé de baisser. Résultat : moins de recettes pour l’Etat alors que la crise du Covid a généré des dépenses colossales imprévues. Sans compter que les bénéfices parfois colossaux de certaines sociétés enrichissent les actionnaires au lieu d’être recyclés dans l’économie, l’innovation et le développement.
Une fois de plus, les collectivités territoriales sont montrées du doigt et mises à contribution alors qu’elles font déjà difficilement face aux charges nouvelles que leur impose l’Etat.
Ce discours montre surtout un dédain clair pour les attentes des Français. Même si l’inflation régresse, le pouvoir d’achat reste la principale préoccupation de nos compatriotes. Quant à l’insécurité, ce ne sont pas les rodomontades du nouveau ministre de l’Intérieur qui vont y changer quelque chose. Le problème est structurel : police et justice manquent de moyens pour faire appliquer la loi. (.../...)
Les saignées sous Nicolas Sarkozy avec sa décision de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux se font encore sentir. Tout comme dans le domaine de la santé la destruction de dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux pratiquée depuis 20 ans par les différents gouvernements alors même que le vieillissement de la population exigerait au contraire d’en ouvrir davantage.
Alors, pour éviter de parler des vrais problèmes, on remet en avant l’immigration, sujet hautement inflammable qui tient lieu de diversion sans pour autant ouvrir enfin un vrai débat permettant d’évacuer les fausses solutions et de traiter de ce sujet avec intelligence. Il serait pourtant temps de répondre aux préoccupations de nos compatriotes. Comme on le verra dans l’article central de Jean-Claude CHAILLEY il est possible d’y répondre tout en diminuant le déficit qui fait si peur à nos élites mondialisées. Même si on peut compter sur les députés du Nouveau Front Populaire pour proposer ces solutions, on ne fera sans doute pas l’économie d’une mobilisation sociale d’ampleur pour changer les choses. Résistance Sociale y prendrait toute sa part.