Comme à l’habitude des gouvernements français depuis 30 ans, la France s’est soumise à l’injonction de la commission européenne d’ouvrir le transport ferroviaire à la concurrence.
Cela a tellement bien réussi avec l’énergie ! Depuis que la France a privatisé le marché de l’énergie, et mis son opérateur public traditionnel (EdF) en difficulté en l’obligeant à vendre à perte son énergie nucléaire pour favoriser la concurrence des opérateurs privés étrangers, les prix de l’énergie se sont envolés, entrainant des difficultés en particulier pour les petites entreprises et instaurant une précarité énergétique chez nombre de Français On aurait pu espérer que l’expérience aurait amené nos gouvernants actuels à réfléchir. Que nenni ! La même opération politique libérale est à l’œuvre. La France va faire un cadeau (sous forme de remise des droits de péage ferroviaires) de 30 millions d’euros à Trenitalia, entreprise italienne, pour s’installer sur la ligne Paris-Marseille... dont on peut penser qu’elle ne sera pas déficitaire et qu’il y aura de gros bénéfices à la clé !
Comme pour l’énergie, il s’agit simplement de mettre en difficulté l’opérateur public français, la SNCF, créée avec de l’argent public français, face à ses nouveaux concurrents étrangers. Ce n’est pas la 1ère fois que cette manipulation a été mise en œuvre : le même cadeau avait déjà été fait en 2022 -pour 50 millions !- à la même entreprise, Trenitalia pour que celle-ci s’installe sur la ligne Paris-Lyon, un autre tronçon largement bénéficiaire du transport ferroviaire !
Ces belles« aides » (au secours la concurrence « libre et non faussée » du merveilleux traité de Maastricht !) permet à Trenitalia de proposer des billets moins chers que la SNCF et de détourner vers eux les voyageurs sur une ligne très fréquentée. C’est donc l’argent public qui financera directement les bénéfices de Tranitalia.
Parallèlement il reviendra à la SNCF, opérateur public, d’exploiter les petites lignes non rentables mais tellement essentielles dans les zones rurales. Mais ses revenus ayant été amputés par la priorité donnée aux concurrents privés étrangers sur les lignes rentables, elle devra augmenter les prix des billets sur ces lignes secondaires… ou en sacrifier encore davantage (aménagement du territoire, une cause perdue ?).
Si la France fait cadeau du paiement des péages ferroviaires aux privés étrangers, c’est que ses gouvernants ont délibérément choisi d’attirer le priver sur nos lignes. Et, les péages sont chers car ils financent l’entretien du réseau et sa modernisation. Cette modernisation est d’autant plus nécessaire quelle a été abandonnée au profit des lignes TGV. Les usagers paieront donc plusieurs fois (dans le prix du billet et dans les impôts locaux puisque le gouvernement s’est débarrassé de l’entretien des lignes secondaires sur les Régions. On marche sur la tête mais peu importe : le dogme, c’est le dogme. Et la commission européenne ne reculera pas sur la libéralisation du marché ferroviaire. Le gouvernement français, obéissant, sabote donc la SNCF. Là encore, pourtant l’expérience devrait parler : Au Royaume-Uni, la privatisation du ferroviaire, mise en œuvre en 1993 par le gouvernement de John Major (Railways Act), a abouti à tant de problèmes : hausses de prix, pas d’entretien, nombreux accidents,… que les Britanniques ont décidé de renationaliser le secteur…