Allemagne : je viens de parler cette semaine à des dizaines de personnes issues des classes bourgeoises heureuses de la globalisation à Berlin et Munich.

Il y a un choc profond au vu de l’alliance de la droite CDU-CSU, du FDP et de l’extrême droite, à deux reprises (mercredi et vendredi) pour voter des textes sur l’immigration au Bundestag. Le deuxième texte a été repoussé au Bundestag suite à des dissidences au sein des groupes CDU et FDP.

De nombreux dirigeants anciens de la CDU dont Angela Merkel ou l’ancien président du consistoire juif d’Allemagne, ont critiqué le candidat à la chancellerie Merz, dans le deuxième cas jusqu’à démissionner du parti. Des milliers de manifestants se sont rassemblés spontanément devant les sièges de la CDU avec des bougies pour rappeler la lutte contre la répétition de Weimar. C’est la rupture du mur républicain, mais c’est aussi, d’après la chef éditorialiste de la première chaîne publique, « le début de la fin de la loi fondamentale, petit à petit », et qui a pour la première fois fait le parallèle avec la fin de la république allemande de Weimar.

Cependant, les gens avec qui j’ai parlé rejettent massivement la personnalité du chancelier SPD Scholz. Ils sont tous en mode „on est dégoûté, on ne sait pas pour qui voter“.

D’habitude, leurs votes tournent entre FDP et Verts, et à Berlin le SPD, à Munich la CSU. Le FDP s’est disqualifié en intriguant pendant trois mois contre le gouvernement auquel il participait. Il a aussi voté avec l‘AfD. Scholz est trop impopulaire pour un rebond durable du SPD. Il reste les Verts, mais beaucoup reprochent aux verts leurs sectarisme idéologique sur l’énergie, notamment sur le nucléaire.

Les premiers sondages prenant en compte ce qui s’est passé cette semaine voient la droite baisser, l‘AfD se consolider, et soit le SPD soit les verts progresser un peu.

En septembre, le SPD avait proposé à la CDU de faire une loi ensemble sur l’immigration. Alors qu’un consensus semblait possible, Merz avait fait capoter l’affaire sans qu’on comprenne trop pourquoi.

Merz, ancien dirigeant du fond d’investissement Black Rock, veut conduire une réforme néolibérale à marche forcée de l’Allemagne.

Merkel n’a en effet, entre 2005 et 2021, conduit que très peu de réformes, se contentant de continuer les réformes engagées par Schröder (SPD) entre 2002 et 2005 et dont Scholz était l’un des garde chiourmes.

Il est probable que Merz a compris ne pas pouvoir mener de grandes réformes structurelles avec une coalition avec le SPD ou les verts, et veut créer une situation où il pourra gouverner soit minoritaire, soit avec l‘AfD.

Ci joint, le tableau des sondages au 31 janvier 2025.