Pour un service public de la petite enfance
Par Michel JALLAMION - Journal RESO n° 242 - Décembre 2024
Mis en ligne le 13 décembre 2024

Fausses heures de présence de bébés, accueil d’un nombre d’enfants supérieur à celui autorisé par l’agrément à effectif constant, subventions basées sur des documents falsifiés ou non exécutées selon leur objet, … le livre « Les Ogres » de Victor Castanet met en lumière le quotidien de People & Baby le « premier gestionnaire indépendant français de crèches ». Mais il n’y a pas de raison de penser que cette société fait pire que les autres grands groupes du secteur ! La Maison Bleue, les Petits Chaperons Rouge eux pressurisent à outrance leur masse salariale et donc la qualité de la mission rendue pour remporter les délégations de service public. Tout est bon dans ce secteur, comme pour les autres, pour faire du profit. L’eau, les enfants, la santé, les vieux, … sont, après tout, des marchés à exploiter comme les autres !

Les crèches sont pourtant une nécessité pour l’émancipation. Comment parler d’égalité femmes-hommes lorsque des femmes seules (ou en couple d’ailleurs puisque dans les faits ce sont très largement elles qui les gardent) ne peuvent faire garder leur enfant ? Ce sont des études, une formation, un emploi qui deviennent inaccessibles. Sans compter l’épanouissement que ces structures collectives ont sur le développement des enfants.

Il y a donc urgence à multiplier les places publiques en crèches et à rémunérer correctement les personnels, les former, pour rendre ce secteur attractif.

Jamais nos gouvernements n’ont pris ce problème à bras le corps en finançant avec l’aide des collectivités territoriales le nombre de places en crèche suffisant pour l’ensemble de notre territoire. Pourtant cela coûte un fric fou à la Sécurité Sociale via la CAF et à l’Etat que ce soit en crédits d’impôts ou en subventions !

Un secteur essentiel, vital, non pris en charge collectivement par notre société : les entreprises s’en sont mêlées. Le fait que certaines soient déficitaires, que d’autres soient en association loi 1901, n’exclut en rien le profit. People & Baby est chaque année déficitaire : et pour cause elle loue à prix d’or ses locaux qui appartiennent à Christophe Durieux et Odile Broglin … leurs deux seuls actionnaires !

Ajoutons à cela que des villes font appel tous azimuts y compris des crèches confessionnelles pour que tout le monde ait accès aux places en crèche. … Ayant pris le pli, elles continuent à le faire même quand des crèches publiques sont à moitié vides par manque de professionnels (et donc elles paient le personnel de crèches privées dans des locaux alors que ses propres locaux sont inexploités en partie).

Cela doit s’arrêter !

L’ensemble des professionnels fait un travail formidable. Il y a nécessité de les titulariser dans un vaste service public de la petite enfance adapté selon les besoins territoriaux.

Il n’y a pas de raisons que les habitants d’une commune n’ayant pas les moyens de prendre en charge des structures collectives en soient privé ni que certaines communes qui pourraient faire cet effort ne le fassent pas ! Le gouvernement cherche de « l’efficience budgétaire » voilà un moyen simple d’y arriver : créons un véritable service public national de la petite enfance, titularisons les personnels et créons autant de structures collectives que de besoin.