Journal RESO n° 235
Avril 2024
Mis en ligne le 21 avril 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 5 : Place au débat : « Gigaspillages » avec notre argent / p 5 : Les bras m’en tombent / Casse de la SNCF et écologie / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.7 : Avez-vous remarqué ? : Les lobbys de Bruxelles / p.8 : Coup de gueule : pour le gouvernement, le déficit, c’est les chômeurs !

L’édito de Pierre Kerdraon

Haro sur le déficit ! Telle pourrait être la nouvelle devise du gouvernement. Sous prétexte d’éviter une baisse de la notation de la France par les agences de notation - qui aurait pour conséquence d’augmenter le coût des emprunts pour l’Etat et donc de renchérir la dette -, les mesures proposées par le gouvernement qui consistent à diminuer les dépenses de l’Etat notamment en matière sociale vont à l’encontre du but recherché : la réduction du déficit. En effet, moins les Français ont d’argent, moins ils dépensent et donc moins l’Etat récupère de TVA notamment. Or, l’augmentation du déficit ne provient pas d’une augmentation des dépenses mais de moindres recettes pour l’Etat.

On ne peut pas s’étonner du déficit quand on additionne les cadeaux fiscaux consentis aux entreprises ces dernières années. Surtout que, dans le même temps, les bénéfices des actionnaires, notamment ceux des entreprises du CAC 40, n’ont jamais été aussi hauts, tandis que les bonus des dirigeants comme Thierry Desmarets, le PDG de Total, explosent.

Si le gouvernement était soucieux de justice sociale, nul doute qu’il commencerait par encadrer dividendes et bonus pour qu’une fraction soit reversée à la collectivité nationale.

Au lieu de cela, son totem – pas de hausse d’impôts - revient à faire peser la lutte contre le déficit sur les seuls salariés, qu’ils soient en activité, en maladie, au chômage ou à la retraite.

Encore que, pour le moment, ces derniers semblent exemptés, élections européennes obligent. Macron sait, en effet, qu’une partie non négligeable de son électorat se trouve parmi les retraités.

Alors, des pistes sont lancées comme de nouvelles réductions des indemnités chômage ou le licenciement des fonctionnaires. Pourtant, même le patronat apparaît réticent quant à de nouvelles mesures contre les chômeurs.

Quant à la question des licenciements des fonctionnaires lancée par le ministre de la fonction publique Guérini, elle apparaît surtout comme une attaque frontale et maladroite envers les syndicats au moment où ceux-ci sont engagés dans une négociation pour offrir des contreparties aux fonctionnaires qui seront mobilisés pendant les jeux olympiques et paralympiques.

De fait, toutes ces mesures annoncées ne vont pas favoriser le dialogue social alors qu’il faudrait au contraire souder la nation face aux échéances qui l’attendent. (...)

Il ne faut pas être aveugle ou angélique et on doit constater que la situation internationale se tend un peu plus chaque jour.

Ukraine, Asie, Proche-Orient, les risques d’escalade ne manquent pas tandis que le terrorisme continue à faire des ravages y compris en Russie ou en Afrique.

Pendant ce temps, en France, le nombre de personnes en situation de pauvreté ne cesse d’augmenter. Près de sept ans après son arrivée à la présidence de la République, la promesse de Macron de diminuer le nombre de personnes contraintes de dormir dans la rue n’est pas près de se concrétiser alors que les expulsions locatives vont bientôt recommencer.

Le chômage augmente à nouveau malgré le fait que les statistiques sont faussées compte tenu de l’augmentation des chômeurs sans droits. Si le « quoi qu’il en coûte » pendant le covid a permis d’éviter nombre de défaillances d’entreprises, celles-ci ont beaucoup augmenté ces derniers mois. Plus que jamais il est temps qu’une autre politique sociale soit mise en œuvre. Ce n’est ni la droite ni l’extrême-droite qui pourront la mener.

Seule une gauche solide sur ses fondamentaux, qui ont permis de vraies avancées sociales depuis 150 ans, peut y parvenir si elle retrouve la crédibilité auprès d’un électorat perdu par ses compromissions avec le capitalisme.

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