Pour le gouvernement, le déficit, c’est les chômeurs !
Par Pierre-Yves MESCOFF - Journal RESO n° 235 - Avril 2024
Mis en ligne le 21 avril 2024

Depuis quelques semaines le gouvernement n’a qu’un mot à la bouche : le déficit. Bonne excuse pour s’en prendre à nouveau aux plus fragiles à commencer par les chômeurs. Hier Macron prétendait qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail. Aujourd’hui Attal fait semblant de croire qu’en réduisant encore un peu plus les droits des chômeurs, il parviendra à réduire le chômage. Comme s’il suffisait de claquer dans ses doigts pour trouver du travail. Contrairement à une idée répandue à droite, on n’est pas chômeur par paresse mais parce que le travail pour lequel on a parfois trimé 20 ou 25 ans n’existe plus à proximité. Croit-on qu’il soit simplement possible quand on a 45 ans ou 50 ans de trouver ne serait-ce qu’une formation adéquate pour espérer décrocher un poste alors que les entreprises cherchent à se débarrasser en priorité de leurs salariés les plus âgés parce que malgré leurs compétences ou à cause d’elles ils pèsent une part plus forte en termes de salaires. On n’ose croire que ces annonces d’Attal auraient pour but de faire capoter les négociations patronat/syndicats justement pour augmenter l’employabilité (quel mot barbare !) des personnes de plus de 50 ans, bien plus faible en France que dans les pays voisins.

Mais à écouter Bruno Lemaire, le ministre de l’Economie, on voit bien que les chômeurs ne sont pas la seule cible. Elections européennes obligent, on sent bien que certaines mesures dans les cartons de Bercy n’attendent que le 10 juin pour être mises sur la table. Dès lors qu’on ne veut pas toucher aux impôts des plus riches et des sociétés c’est d’autres postes qui seront touchés. On le voit avec le rabot annoncé sur l’éducation qui risque de rendre encore un peu plus compliqué la mise en place des classes de niveau en français et en maths. L’augmentation du forfait sur les médicaments n’est probablement qu’une étape dans la réduction des remboursements en matière de santé.

La réalité c’est que le gouvernement est en train de sacrifier l’avenir par des mesures immédiates qui sont en décalage avec les besoins des Français. Ceux-ci demandent avec raison plus de services publics, plus de médecins, plus de policiers et de juges, plus de moyens pour l’éducation et pour les collectivités locales dont les missions ne cessent de s’élargir tandis que les subventions de l’Etat ne cessent de diminuer.

Une bonne gestion des finances publiques çà ne devrait pas avoir pour objectif de faire plaisir aux agences de notation ou à la Commission européenne mais pour l’intérêt commun qui implique une solidarité à tous les niveaux avec une redistribution assurée par les impôts et les taxes de manière équitable. Ce n’est pas d’une oligarchie financière dont la France a besoin mais d’une démocratie pleine et entière où l’intérêt du peuple prime sur l’intérêt des particuliers, fussent-ils électeurs de Macron