La Poste veut-elle encore s’occuper du courrier ?
Par Yves LAOT - Journal RESO n° 230 - Novembre 2023
Mis en ligne le 17 novembre 2023

La question peut paraître bizarre alors que traditionnellement la Poste depuis Louis XI a pour principale mission le traitement des correspondances écrites.

Et pourtant on peut s’interroger. Année après année ce sont des dizaines sinon des centaines de boîtes aux lettres jaunes qui sont supprimées, les tournées des facteurs ont été remodelées, les horaires de nombreux bureaux de poste sont réduits, certains bureaux de poste sont même supprimés, parfois remplacés par des agences postales communales ou par des maisons de services au public…

Certes depuis 10 ans la part du courrier dans le chiffre d’affaires de la Poste n’a cessé de décroître pour ne plus atteindre en 2023 que 18 % quand elle était encore au début des années 2010 de plus de 50 %.

Nos compatriotes envoient de moins en moins de lettres, préférant l’envoi de sms ou l’intervention sur les réseaux sociaux. Les entreprises elle-même préfèrent Internet pour communiquer entre elles ou avec leurs clients. Faut-il pour autant obliger les usagers à faire des kilomètres pour poster leur courrier au bureau de poste le plus proche alors que ce sont souvent des personnes âgées ou des demandeurs d’emploi qui sont concernés ? La réponse devrait être non. Car c’est le sens même du service public que de se mettre à la portée de tous.

Mais pour qu’un service public fonctionne encore faut-il qu’il en ait les moyens. En transformant la Poste en une entreprise à capitaux publics mais gérée de facto par la Caisse des Dépôts et Consignations l’Etat a pris une lourde responsabilité. Car dès le départ il était prévisible que le financier l’emporterait sur le courrier. C’est donc à lui qu’il revient d’apporter les fonds nécessaires pour pérenniser cette activité dont nos compatriotes continuent d’avoir besoin même s’ils s’en servent moins qu’auparavant.

Et si pour cela il fallait recréer un véritable service public postal, je ne crois pas que nos compatriotes y seraient opposés.