Obliger les bénéficiaires du RSA (400 euros environ) à travailler 15 heures par semaine est une idée odieuse
Par Maître JONAS - Journal RESO n° 230 - Novembre 2023
Mis en ligne le 17 novembre 2023

1) A l’argument du "ils ont des droits mais aussi des devoirs", je répondrai que la grande majorité des bénéficiaires du RSA ne choisit pas cette situation précaire. En fait, les citoyens touchant le RSA ont des droits parce qu’il y a un droit, l’obligation pour l’Etat d’assurer un minimum social pour l’individu afin qu’il ne finisse pas dans la rue, en totale perdition. Nombreux citoyens devraient toucher des aides et ne les touchent pas. Cela représente des millions que l’Etat ne s’efforce pas d’accorder alors même qu’il devrait s’agir d’une obligation dans sa mission. Le citoyen qui ne demande pas ses droits, c’est un citoyen qui est généralement perdu, en totale précarité.

2) Oui il y a des gens qui touchent le RSA et qui s’en satisfont. Mais faire une politique générale sur cette extrême minorité - car qui peut ici prétendre qu’il vivrait correctement avec 400 euros par mois - est une attaque contre la République sociale, inscrite dans l’article 1er de notre Constitution.

3) Cette mesure est présentée comme pouvant permettre la réinsertion. Quelle blague. Il suffit d’écouter les premiers arguments des défenseurs de cette loi, notamment Eric Ciotti. Ce député LR affirme quasiment sans filtre qu’il s’agit simplement de faire bosser des gens, vus comme des assistés. Qui peut se réinsérer en forçant des citoyens à faire des boulots qu’ils ne recherchent pas ? On va donc forcer par exemple des jeunes, qui ont des licences ou master, dans tel ou tel domaine à faire des emplois dont ils sont éloignés. Comment n’est-ce pas dégouter du travail et de leur projet ? 15h ce n’est pas minime comme contribution. C’est un mi-temps. Un travail sous-payé qui ne peut que dévaloriser le bénéficiaire du RSA.

4) Cette mesure est aussi économique :

- C’est permettre à certains de profiter d’une main d’oeuvre à moindre coût en lieu et place d’un recrutement.
- C’est permettre des radiations et d’augmenter le nombre de personnes ne pouvant plus toucher d’allocations/indemnités.

5) A la rengaine : "Alors on ne fait rien ?". Si bien sûr, quelques exemples :

- Faire la chasse à ces entreprises qui embauchent massivement en alternance, en stage ou paradoxalement chez des auto-entrepreneurs pour des postes qui devraient être salariés en CDI. La sanction est possible. - Mieux accompagner des gens en totale perdition. Parfois, il ne sont pas du tout accompagnés puisque sortis des radars, radiés ou ne bénéficiant d’aucune aide.
- Et oui, il faut faire la chasse à tous ceux qui bénéficient le RSA tout en se faisant des cachets au "black".