Scandale à la BPI ?
Par Claire EVRARD - Journal RESO n° 229 - Octobre 2023
Mis en ligne le 15 octobre 2023

A en croire la presse, un énorme scandale viserait la Banque Publique d’investissement (BPI) et son PDG Nicolas Dufourcq. Pour ceux qui ne le savent pas la BPI, fondée en 2013 par François Hollande, a pour mission de gérer les participations de l’Etat dans les entreprises. Son rôle est donc de faire en sorte que ce patrimoine national rapporte un maximum à l’Etat.

Problème : Il semblerait que l’argent dont elle bénéficie serait en partie utilisé pour des opérations financières surtout bénéfiques pour le PDG et un certain nombre de personnes de la banque. Et pas pour de petites sommes. Des signalements à la justice (parquet national financier) font ainsi état de l’investissement dans un fonds commun de placement à risque pour un montant avoisinant les 100 millions d’euros dont la valeur aurait doublé à fin 2022 (les chiffres ne sont pas connus pour 2023).

Dans le jargon judiciaire c’est ce qu’on appelle une prise illégale d’intérêts qui, si elle est prouvée, peut conduire ses auteurs à de la prison ferme. A cela s’ajouterait des participations financières dans des entreprises étrangères, notamment au côté de fonds souverains étrangers comme celui d’Abu Dhabi. Drôle de façon de défendre l’intérêt de l’Etat car on imagine bien que ces fonds souverains n’agissent pas par pure philanthropie. Pire, il semblerait que la gestion de la BPI la conduirait à perdre de l’argent sur ses investissements alors qu’elle reçoit chaque année de l’Etat la modeste somme de 2,5 milliards d’euros.

C’est déjà un crime quand un PDG dilapide l’argent de son entreprise à des fins personnelles. Cà l’est encore plus lorsque qu’il s’agit d’une entreprise nationale Cela au moment où Bruno Lemaire demande aux parlementaires de lui trouver de nouvelles économies. Plutôt que de raboter les aides sociales pour nos compatriotes (on l’a vu pour les chômeurs notamment) il ferait mieux de s’intéresser à la gestion des services placés sous son autorité.

La question mérite d’être posée : quand donc l’Etat (entendez le Ministère des Finances) et la Caisse de dépôts et Consignation (CDC), co-actionnaires à 50/50 de la BPI, vont se décider à demander des comptes à Nicolas Dufourcq ?