Faut-il crier haro sur les dépenses publiques ?
Par Yves MESCOFF - Journal RESO n° 228 - Septembre 2023
Mis en ligne le 24 septembre 2023

Depuis des décennies ? c’est toujours le leitmotiv à droite : il faut baisser les dépenses publiques. Gérard Larcher, le président du Sénat, vient d’en rajouter une couche. Mais les macronistes, y compris les ministres, ne disent pas autre chose. Il ne s’agit pas que d’un discours. On se souvient de Sarkozy supprimant des milliers d’emplois de fonctionnaires comme dans la police où ils manquent cruellement aujourd’hui. Même chose avec les suppressions massives de lits dans les hôpitaux (d’ailleurs vraies aussi sous Hollande).

Et pendant ce temps-là, une nette majorité de Français, notamment les plus pauvres ne cessent de demander plus de services publics, plus de transports en commun, plus de crèches publiques, plus de personnels dans les hôpitaux et notamment dans les services d’urgence et de râler contre la fermeture des bureaux de poste ou des guichets dans les gares… Une première conclusion s’impose : ceux qui demandent moins de dépenses publiques ne défendent pas l’intérêt de la majorité de nos compatriotes, mais celui d’une caste, de cette minorité de gens assez riches pour ne pas être gênés par l’augmentation du prix de l’essence ou pour être soignés dans des cliniques privées luxueuses ou encore pour faire garder leurs enfants par du personnel privé.

Mais il faut aussi se poser la question : si les dépenses publiques sont si importantes alors que la qualité du service ne suit pas toujours n’est-ce pas à cause de cette concurrence libre et non faussée si chère à la Commission européenne qui prive nos services publics d’une partie des revenus au profit de boîtes privées qui captent ce qui est le plus rentable, laissant la portion congrue aux services publics ?

Bien sûr, cela ne veut pas dire que toutes les dépenses publiques sont justifiées et qu’il n’y a pas d’économies à faire comme par exemple en réduisant, voire en supprimant les études demandées à des consultants extérieurs pour un coût souvent élevé alors que des agents de l’Etat seraient capables de faire la même chose à moindre coût.

Néanmoins, il faut arrêter de mettre en avant le coût des services publics pour mieux pousser à leur casse. Oui, les services publics ont un coût mais leur absence est encore plus coûteuse. A titre d’exemple, plus de transports en commun c’est moins de pollution, donc moins de maladies respiratoires mais aussi moins d’accidents de la route, donc des dépenses de santé en moins.

Enfin il serait temps d’admettre qu’il n’y a pas de grande nation sans des services publics de qualité, modernes, bien répartis sur l’ensemble du territoire et accessibles à tous.

Un rêve ? Non, une exigence ! Celle que défend avec constance et acharnement la Convergence pour la défense et le développement des services publics soutenue notamment par Résistance Sociale.