La bombe sociale de la crise du logement
Par Nico NAF - Journal RESO n° 226 - Juin 2023
Mis en ligne le 20 juin 2023

On assiste à une crise du logement en France. Dans certaines grandes villes et zones touristiques, la multiplication des locations touristiques et saisonnières, en particulier ceux qui sont en lien avec la plate-forme Airbnb, accentue la crise. La location touristique et de courte durée étant plus lucrative, de plus en plus de logements sont loués à des touristes et ce, au détriment de la population locale. De plus, l’inflation a entraîné une hausse du prix des loyers (et notamment des charges) et une baisse des ventes immobilières. Il y a une diminution drastique des constructions de logements sociaux.

Si on se réfère aux chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 4,1 millions de personnes sont concernées par le logement dont 350 000 sont considérées comme des SDF et plus de 650 000 sont hébergés chez des tiers. On rappelle que nous sommes passés en dix ans de 150 000 à 350 000 SDF.

On tient ici une véritable bombe sociale à retardement. Ce n’est pas comme si ça faisait des années que nous, acteurs du terrain : travailleurs sociaux, bailleurs sociaux, élus locaux..., nous n’avions pas prévenu les gouvernements successifs de ce qu’il allait se produire.

Et que va faire le gouvernement ? Le gouvernement a consulté le conseil national de la refondation pour lui faire des propositions. Si certaines d’entre elles sont concrètement intéressantes comme l’encadrement des prix du foncier, sur le modèle de ce que certaines métropoles appliquent déjà pour les loyers, ou l’instauration dans certaines zones d’une densité minimale pour les nouvelles constructions, afin de limiter l’étalement urbain (et encore, ce n’est pas certain que le gouvernement retienne ces mesures), on passe globalement à côté du sujet.

Pour endiguer le mal logement, il n’y a pas 36 solutions : construire 200 000 logements sociaux par an ; mettre en place la Sécurité Sociale du logement, la garantie universelle des loyers (GUL) pour favoriser l’accès de tous au logement, et indemniser les propriétaires en cas de non-paiement des loyers ; instaurer un quota de logements disponibles à la location touristique, encadrer fortement le prix des loyers ; réquisitionner les logements vides depuis plus de deux ans... Circulez ! Y a rien à voir ! Au lieu de prendre le taureau par les cornes et d’endiguer la crise, ce gouvernement préfère mettre en œuvre une impopulaire réforme des retraites en reculant l’âge de départ de 62 à 64 ans et s’attaquer aux pauvres qui perçoivent le RSA en les obligeant à participer à des ateliers professionnels pendant 15 à 20h par semaine. Non seulement ce gouvernement ne s’attaque pas aux problèmes des français en essayant de les résoudre mais il laisse volontairement la crise se propager jusqu’à ce que la bombe sociale explose.