Journal RESO n° 225
Journal RESO n° 225 - Mai 2023
Mis en ligne le 28 mai 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : La France est-elle championne du monde des dépenses sociales ? / p.6 : Avez-vous remarqué ? : Pap Ndiaye toujours contre la République – Les bras m’en tombent : Droit de grève mis en cause à Vertbaudet / p.7 : Actualité sociale : Le mépris pour la Fonction publique en action / p.8 : Coup de gueule : Nouvelle loi travail, de qui se moque-t-on ?

L’édito de Marinette Bache

- 16% des Français, 50 % des étudiants- ne mangent pas à leur faim. La part des Français se privant de nourriture est en effet passée de 12 à 16% en six mois, selon une étude du Crédoc. Et pour ceux qui ont les moyens de manger à leur faim, 1 sur 2 reconnait avoir baissé la qualité de ses repas et ne plus pouvoir acheter tous les produits qu’il souhaiterait. Les femmes sont les plus touchées de même que les jeunes : 24 % des moins de 40 ans sont en précarité alimentaire. Voilà la France de Macron.

- Camaïeu, Gap, La Grande Récré, Go Sport... autant d’entreprises rachetées pour 1 € par le milliardaire Michel Ohayon et qui affichent aujourd’hui un triste bilan : des milliers de salariés sur le carreau ou en voie de l’être. Mais l’homme d’affaires vient de vendre son incroyablement luxueux hôtel particulier parisien, acheté en 2018, pour la somme de 38 millions d’euros. Voilà aussi la France de Macron.

- La France de Macron, c’est aussi l’indécence de Bruno Le Maire, le ministre-écrivaillon qui ose, avec ses 10000€ nets mensuels, parler du prix des pâtes et de ses difficultés à nourrir ses enfants pendant que 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté.

- La France de Macron, c’est quand le « méprisant de la République » qui a osé, contre plus de 80% des Français, remplacer les 2 meilleures années de nos retraites par les 2 pires années de travail, nous annonce « la fin de l’abondance ». Pour qui cette « fin de l’abondance » ? Certainement pas pour ceux qui ont perdu leur travail… surtout après la réforme de l’allocation chômage, pas pour ceux qui survivent avec le RSA… et que l’on veut contraindre à travailler sans vrai salaire, pas pour ceux qui ne peuvent plus se soigner d’autant plus que les hôpitaux sont surbookés et étranglés par une gestion comptable, pas pour ceux qui n’allument plus le chauffage ni l’électricité… Sans parler de tous ceux qui vivaient sur la ligne de crête, refusant par dignité de demander une aide -à laquelle, souvent ils auraient eu droit, tous ceux qui se seraient la ceinture pour atteindre la fin du mois sans trop être dans le rouge, ceux qui ne partaient plus qu’une semaine en vacances -et encore : bien heureux … tous ceux-là qui sont en train de passer du mauvais côté de la barrière.

- La France de Macron, c’est le déni de démocratie au Parlement -on l’a vu avec l’emploi du 49-3 à l’Assemblée nationale et du 44-3 au Sénat,on le voit avec le refus de la proposition du groupe LIOT, c’est aussi la remise en cause du droit de grève et de manifester. C’est la répression contre les salariés, les arrestations de délégués syndicaux, les violences contre les grévistes. C’est les défilés « nassés », les manifestants matraqués, blessés, hospitalisés. C’est les manifestations interdites, les « casserolades » décrétées hors-la-loi, …

- Dans la France de Macron on s’invente un masque vert : le nouveau crédit d’impôt annoncé pour « l’industrie verte » est évalué à 20 milliards d’euros et ce sont les Français, avec l’argent public, qui versent 5 000 € à ceux qui peuvent se payer une Tesla à 47 000 € ! Sa "transition énergétique", c’est le gros lot pour le PDG, Elon Musk. (...)


- Dans la France de Macron, il tout faire pour préserver la « compétitivité » de l’économie, entendez par là les intérêts de ses riches amis qu’il sert avec constance, application et imagination -il tient à retrouver son job de financier de chez Rothschild dans 4 ans. Alors dans la France de Macron, on baisse les allocations chômage, on passe à 64 ans l’âge de départ à la retraite, on charge la sécu, histoire de trouver de nouvelles « bonnes raisons » de diminuer encore le niveau des remboursements de soins puis de privatiser la protection sociale, on aide les patrons à pratiquer le licenciement abusif en plafonnant les indemnités quel qu’en soit le motif et on protège les surprofits (on prétend même ne pas savoir ce que c’est).

- Dans la France de Macron, on prépare une nouvelle « loi travail » !

- Mais la France sous Macron, c’est aussi la France qui résiste. Les cortèges du 1er mai étaient considérables, une participation qu’on ne connaissait plus ! A cette même date, un sondage confirme, contrairement à ce que nous serinent les médias aux ordres, que les Français n’ont pas l’intention de tourner la page aussi facilement que le pouvoir l’espère : 70 % comprennent les « casserolades », malgré les tentatives de les caricaturer ; 76 % ne croient plus les promesses de Macron, alors qu’il ne cesse d’en faire ; 65 % disent ne plus écouter ce que dit Macron, alors qu’il parle beaucoup (6 % d’audience lors de sa dernière intervention TV, mauvais record battu !) ; 60 % souhaitent que la mobilisation se poursuive, alors que le pouvoir mise sur l’essoufflement.

- Mais la France de Macron, c’est aussi un parlement qui, quand il peut s’exprimer, contre l’avis du gouvernement, adopte à l’Assemblée nationale le 4 mai dernier par 127 voix pour, 89 contre, une proposition de loi du groupe communiste, portée par toute la gauche, pour "protéger EDF d’un démembrement", qui entend aussi élargir le nombre d’entreprises et collectivités bénéficiaires de tarifs réglementés de l’électricité.

Cette longue crise sociale et politique que nous traversons prouve que, bien qu’on essaie de leur faire oublier leur Histoire, les Français sont toujours debout.

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