Nouvelle loi travail : de qui se moque-t-on ?
Par Jean-Yves LAOT - Journal RESO N° 225 - Mai 2023
Mis en ligne le 28 mai 2023

Depuis quelques jours Élisabeth Borne a commencé à recevoir organisations syndicales et patronat en réunions bilatérales sous prétexte de faire avancer de nouvelles réformes en matière de droit du travail.

Au préalable, on notera que toutes les organisations syndicales ne sont pas invitées. Seules les plus grandes confédérations (FO, CGT, CFDT, CGC, CFTC) le sont.

Ensuite, force est de constater que lors de ces réunions la cheffe du gouvernement ne s’est engagée à rien et n’a toujours pas fait marche arrière sur la réforme des retraites alors qu’une large majorité de l’opinion est toujours hostile à cette réforme et souhaite que les organisations syndicales n’abandonnent pas le combat. Mieux même le gouvernement semble choisir le refus du débat puisque pointant une soi-disant inconstitutionnalité de la proposition du groupe LIOT visant à revenir à l’age légal de 62 ans pour le départ en retraite.

Les syndicats ont beau demander à ce qu’il soit question des salaires, de la pénibilité au travail, du travail des séniors, de la rémunération des fonctionnaires aucun de ces sujets n’a donné lieu à une quelconque avancée.

A tel point qu’on peut se demander si ces réunions bilatérales n’ont pas d’abord pour premier but de briser l’unité syndicale et deuxièmement, bien qu’il s’en défende, de faire avancer une idée chère à Macron et à la droite : instaurer une obligation de travail de 15 ou 20 heures aux bénéficiaires du RSA qui ainsi devraient fournir une main d’œuvre gratuite ou dans certains secteurs gérés par la puissance publique comme les JO de Paris par exemple.

Rappelons que le RSA est attribué aux chômeurs en fin de droit et que ce sont les femmes qui en sont le plus bénéficiaires, même si beaucoup ne font pas les démarches pour l’obtenir. Disons-le tout net : il y en a assez de voir les chômeurs pointés du doigt comme s’ils étaient coupables de leur sort. Non, mis à part quelques profiteurs, on n’est pas chômeur en fin de droit par plaisir ! Combien d’entre eux ont 10, 15 ou 20 ans de boite derrière eux, jetés à la rue parce que ça coûtait trop cher de les payer et ne pouvant que difficilement se déplacer pour trouver un emploi de même niveau que celui qu’ils avaient.

Plutôt que de faire travailler gratuitement ces femmes et ces hommes, il faudrait leur donner une vraie formation leur permettant de retrouver leur dignité et un travail justement rémunéré.

Mais cela ça implique de prendre en compte les vrais besoins de la population et d’y répondre. Nos gouvernants en sont-ils capables ? A l’évidence la réponse est non.