Des morts qui n’auraient pas dû avoir lieu
Par Marie BERTHOMMIER - Journal RESO n° 224 - Avril 2023
Mis en ligne le 19 avril 2023

Souvenez-vous, Macron, pendant le confinement, avait lancé le « Quoi qu’il en coûte ». C’était le temps où on nous faisait applaudir les soignants et tous les « petits essentiels ». Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Selon le syndicat SAMU - Urgences de France, "la situation dans nos structures d’urgences s’est très nettement dégradée cette dernière année" et "les conditions d’exercice sont à l’origine d’une maltraitance inégalée tant du côté du patient que de celui des personnels, aboutissant même à une réelle dangerosité. Il est identifié que "l’insuffisance de fluidité d’aval des urgences" est la principale explication et la première cause de pénibilité pour les professionnels des urgences".

En fait, c’est depuis longtemps, que les organisations syndicales de soignants alertent sur les risques énormes que cette forme de gestion de notre système hospitalier avec la suppression de postes de personnels infirmiers et médicaux urgentistes, quand ce n’est pas la suppression (la réorganisation territoriale dit-on, ben voyons !) de nombreux services d’urgence faisait courir aux patients.

Clairement, les professionnels hospitaliers avaient alerté du risque de décès résultant de la dégradation des conditions de travail à l’hôpital public. Avec cette enquête de SAMU – Urgences de France, c’est prouvé. Il y a eu des décès dus à cette inconséquence, à cette maltraitance organisée. Entre le 1er décembre 2022 et le 31 janvier 2023, on recense déjà 43 décès qualifiés « d’inattendus » ; c’est le terme employé pour qualifier des patients ne présentant "aucun signe de gravité" ou "à évolution potentiellement rapide" et qui sont cependant décédés lors de leur prise en charge préhospitalière ou au sein d’un service d’urgence, avait expliqué le président de SAMU – Urgences de France, le Dr Marc Noizet, début janvier. Ces 43 patients sont morts à l’hôpital en raison de la dégradation des moyens et du manque de moyens de l’hôpital public. Cela veut tout simplement dire que ces personnes ne seraient pas décédées, qu’elles étaient soignables et que leur mort est due au fonctionnement incorrect de l’hôpital.

L’enquête est claire : nous avons affaire, en décembre 2022 - janvier 2023, à une surmortalité inégalée depuis avril 2020, au plus fort de la première vague épidémique de Covid-19.

Quand les syndicats de soignants ou de médicaux attirent l’attention sur les manques de personnels comme sur les fermetures comptables de services ou d’hôpitaux, ce n’est pas seulement leur travail qu’ils défendent, ce sont nos vies.

Et cela dans la plus grande indifférence de nos dirigeants.