Journal RESO n° 221
Janvier 2023
Mis en ligne le 14 janvier 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : Retrait de la réforme des retraites, mère de toutes les réformes / p. 6 : Avez-vous remarqué ? - Les Bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Réponse à la crise énergétique : encore un effort Monsieur le Président ! - Brèves sociales / p.8 : Coup de gueule : La santé de tous mérite mieux qu’une grève corporatiste

L’édito de Marinette Bache

"La retraite ne doit plus être l’antichambre de la mort, mais une nouvelle étape de la vie". Ambroise Croizat.

Avec la mise en cause annoncée de notre système de retraite que veulent faire passer, à coups de nouveaux 49-3, Macron et Borne, nous sommes à l’opposé de l’esprit du Conseil National de la Résistance qui a présidé aux grandes réformes progressistes de la Libération. Les législateurs d’alors, dans un consensus national, souhaitaient mettre en place les éléments d’une société plus égalitaire, donnant sa chance à chacun, s’occupant des plus faibles et n’abandonnant pas les vieux travailleurs mais, au contraire, leur permettant de vivre décemment.

Lors de ses vœux, Macron a confirmé que 2023 serait l’année où il présenterait sa réforme au prétexte toujours seriné d’assurer l’équilibre du système et de préserver le système par répartition. Peu lui importe que cela soit mensonge éhonté comme le démontre le COR (cf nos précédents « Place au débat ») ou Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité française. Celui-ci explique, qu’avec cette « réforme », les "impacts seront plus élevés en matière de prévoyance sur les contrats des mutuelles" et que le report du départ de l’âge à la retraite à 65 ans "pourrait aboutir à une nécessité de coûts en prévoyance aux alentours de 10 milliards d’euros" supplémentaires. Les tarifs des mutuelles vont augmenter en moyenne, cette année, de 4,7% ; jusqu’à quand les Français pourront-ils se payer cette assurance complémentaire ? Quand les mutualistes et les assureurs s’inquiètent de leurs comptes, on imagine également les conséquences sur ceux de la Sécurité sociale : c’est elle qui assume la plus grosse part ! Quelle hypocrisie que de prétendre vouloir sauver les régimes de retraites tout en sachant qu’on augmente les accidents de travail, plus nombreux avec l’âge, les charges des salariés et donc les dépenses que devra assumer la sécu !

L’essence de cette réforme est foncièrement inégalitaire. Le gouvernement essaie d’opposer no seulement les très riches mais ce qu’il est convenu d’appeler la « classe moyenne » qui est encore très large aux catégories modestes, pauvres voire déclassées. Disons tout de suite qu’il n’y est pas vraiment parvenu puisque son idée de réforme est rejetée par plus de 70% de la population qui ne tombe pas dans le piège de cette manipulation. Macron et Borne cherchent à dresser la classe moyenne qui paie ses impôts aux « assistés » qui profiteraient de « privilèges ». Raté ! Aujourd’hui, chacun sait qu’il peut, d’un jour à l’autre, perdre son emploi, tomber dans la catégorie des défavorisés et avoir besoin de la solidarité nationale (que dire d’ailleurs de la « réforme » de l’assurance chômage !). Et surtout chacun sait que tout n’est pas mis sur la table, que les ultra-riches, de plus en plus riches, utilisent des conseillers fiscaux qui leur permettent de se soustraire au financement de la solidarité, chacun connait l’ampleur des fraudes fiscales, chacun sait que de nombreuses entreprises -et parmi les plus grandes- ne paient pas leurs cotisations ou ont eu droit à de multiples allègements qui ont largement participé au prétendu « déficit » de la Sécu. S’il y a un responsable c’est du côté de ceux qui ont les moyens de frauder ou de s’exonérer de qu’il faut chercher, pas du côté des catégories sociales modestes dont on a d’ailleurs, au fil des ans, réduit leurs droits à ce qui s’apparente à des aumônes. (.../...)

Bref, ce projet n’est pas technique mais profondément politique : Il oppose ceux qui s’enrichissent tous les jours du revenu de leur argent à ceux qui travaillent pour financer l’enrichissement des premiers. Il est au service d’une classe sociale : les riches mondialisés, les possédants qui n’ont pas d’attache avec ce pays et ceux qui y vivent.

L’ensemble des organisations syndicales sont, aujourd’hui, unies pour le refuser. Cette union doit durer : elle est la clé de la défaite du couple Macron-Borne.

Si les retraites sont l’élément phare de ce début d’année, les libéraux ne s’en tiennent pas à cela. L’infâme Macron ose, par exemple, dans ses vœux pleurer sur les difficultés auxquelles les Français, et également les petites entreprises et les artisans, sont confrontés en matière de coût de l’énergie, sur l’état de nos hôpitaux -et du personnel hospitalier ou sur l’étendue des déserts médicaux. C’est d’un cynisme effarent alors qu’il est responsable de la fin de notre indépendance énergétique, de la casse d’EDF - contrainte à brader sa production au profit de ses concurrents et forcée à la racheter aux coûts du privé alors qu’elle la produit moins cher, alors qu’il a sciemment étranglé notre hospitalisation publique et diminué le nombre de lits et que ses semblables ont instauré un numerus clausus insensé pour la formation des étudiants en médecine.

C’est aussi La Poste, depuis longtemps transformée en Société anonyme, qui franchit aujourd’hui un nouveau stade dans l’abandon du service public. D’abord la fin du service dit « urgent » avec la suppression du timbre rouge (avant 1971, il était le seul à exister et permettait d’acheminer le courrier le lendemain à son destinataire) et l’augmentation à 3 jours minimum du délai du timbre vert, c’est à une nouvelle dégradation du service qu’on installe. Pire, ce sont les tournées des facteurs qui sont remises en cause ; elles ne seraient plus quotidiennes… un pas vers leur suppression ?

En 2023 donc, il ne manquera pas de raisons de se mobiliser. L’ultra-libéralisme, notre ennemi, celui des salariés, de ceux qui vivent de leur travail, l’ennemi aussi de ce qui a fait notre pays, ne s’arrêtera pas de lui-même. Il sera nécessaire de se lever, ensemble, particulièrement en soutien du mouvement syndical, pour le stopper.

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