ROYAUME-UNI : grosses grèves en août
Journal RESO n° 217 - Septembre 2022
Mis en ligne le 17 septembre 2022

Les Britanniques n’avaient pas connu de grève générale depuis longtemps non plus, la dernière grève nationale massive date de 2011. Les OS ont temporairement suspendu un mouvement non seulement suivi mais très soutenu à l’occasion des funérailles d’Elisabeth II.

Les travailleurs exigent une augmentation des salaires et des conditions de travail pour contrer l’inflation galopante, qui dépasse 10% et pourrait grimper à plus de 13% en octobre. Les grèves touchent de nombreux secteurs : les cheminots, les employés du métro, les dockers, les facteurs, les éboueurs, le secteur public de la santé les employés de l’opérateur télécoms BT, les manutentionnaires d’Amazon, les fonctionnaires de l’enseignement. Cette grève générale initiée par les cheminots, loin de créer de l’animosité, suscite plutôt la compassion, puisque c’est finalement toute une population qui se retrouve dans le même bateau. Ce « sont des gens comme moi, nous essayons tous de gagner notre vie et de nous débrouiller. J’ai toute la sympathie du monde pour eux », lance ainsi un voyageur en gare de Leeds, au nord de l’Angleterre, à un journaliste de l’AFP sur place.

L’inflation touche particulièrement le secteur de l’énergie qui est complètement privatisé et dont les prix ont encore plus augmenté qu’en France, mais également l’alimentation. Les populations modestes et aussi les classes moyennes sont touchées. Et ça va empirer cet hiver pour entrer dans une crise durable, alors que la Banque anglaise estime que l’inflation dans le pays va dépasser les 13 % en octobre. Les gens ont peur de l’avenir et les syndicats témoignent d’un malaise que l’on n’avait pas connu depuis longtemps.

Au Royaume-Uni, il est difficile de faire grève. Margaret Thatcher a fait adopter une loi pour que cela : il faut d’abord déposer un préavis de vote, puis organiser un vote des syndicats tout en sachant que la voix des absents est considérée comme un vote contre. Malgré ce chemin de croix, les syndicats sont parvenus à organiser ce qui apparaît comme le plus gros mouvement de grève du rail depuis 1989, la fin des années Thatcher.