Etats-Unis, France Europe, monde : point sur l’avortement
Journal RESO n° 214 - Mai 2022
Mis en ligne le 23 mai 2022

Etats-Unis : l’Oklahoma vient d’adopter, le jeudi 19 mai, une loi interdisant l’avortement dès la fécondation.

Ce vote intervient alors que le droit constitutionnel à l’IVG aux Etats-Unis est menacé par une prochaine décision de la Cour suprême. Il s’agirait d’un retour en arrière de 50 ans.

L’organisation Planned Parenthood, qui défend l’IVG aux Etats-Unis, a annoncé qu’elle allait "assigner l’Oklahoma en justice". "Il faut empêcher cette interdiction, ainsi que toutes les autres interdictions que cet État a votées au cours du mois passé", poursuit-elle.

L’argumentaire déroulé par la Cour suprême américaine dans un projet de décision très défavorable au droit à l’avortement va "bien au-delà" de l’IVG et remet potentiellement en cause "toute une série" d’autres droits. L’arrêt Roe v. Wade qui, en 1973, a estimé que la Constitution américaine protégeait le droit des femmes à l’IVG, était "totalement infondé dès le début", est-il écrit dans cette proposition de texte. "Nous estimons que Roe v. Wade doit être annulé", ajoute le juge Alito, pour qui le droit à l’avortement "n’est protégé par aucune disposition de la Constitution".

Le président des États-Unis, Joe Biden, a estimé mardi que l’argumentaire déroulé par la Cour suprême américaine dans un projet de décision très défavorable au droit à l’avortement allait "bien au-delà" de l’IVG et remettait potentiellement en cause "toute une série" d’autres droits.

Aux cris de « Pas touche à nos corps ! », plus de 450 manifestations pour défendre le droit à l’avortement ont eu lieu samedi 14 mai. Seule l’opinion publique pourra obliger au maintien de ce droit, la situation électorale étant bloquée et les juges nommés à vie…

La France a enfin rattrapé son retard et rejoint la moyenne européenne en décidant d’allonger le délai légal de 14 semaines de recours à l’IVG.

Ce délai est de 24 semaines au Royaume-Uni, 18 en Suède et 14 en Espagne et chaque année, entre 3000 et 5000 Françaises se faisaient avorter à l’étranger.

En Europe, Malte interdit totalement l’IVG et la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison. D’autres micros états l’interdisent complètement : Andorre, le Vatican -et jusqu’alors San Marin qui vient par 77,3% de oui à un référendum d’autoriser l’IVG jusqu’à 12 semaines.

Dans le reste du monde, l’IVG est interdite dans une quinzaine de pays : Congo, Djibouti, Égypte, Guinée-Bissau, Madagascar, République démocratique du Congo, Sénégal en Afrique -les pratiques clandestines sont courantes, mettant en danger la santé des femme-. ; Honduras, Nicaragua, Suriname, Haïti et République dominicaine Salvador - où toute perte du bébé est considéré comme un « homicide aggravé », puni de 30 à 50 ans de réclusion- en Amérique ; Philippines et Laos en Asie ; Palaos en Océanie.

Dans de nombreux pays, l’avortement est soumis à des conditions extrêmement restrictives. Ainsi, l’IVG est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la mère en Côte d’Ivoire, Libye, Ouganda, Soudan du Sud, Irak, Liban, Syrie, Afghanistan, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Guatemala, Paraguay ou encore Venezuela. Au Brésil, l’accès à l’IVG est également très limité, en cas de viol, risque pour la mère ou grave malformation du fœtus. En 2017, le Chili a mis fin à près de 30 ans d’interdiction totale de l’IVG, désormais autorisée en cas de risque pour la vie de la mère, viol et non-viabilité du fœtus.