Journal RESO n° 213
avril 2022
Mis en ligne le 1er mai 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : Solidarité internationale / p. 3 à 5 : Place au débat : les assureurs à l’assaut du marché de la perte d’autonomie / p.6 et 7 : Actualité sociale/ p.8 : coup de gueule

L’Edito de Marinette Bache

Bien que les médias aux ordres aient essayé de nous faire croire au « risque fachiste », c’est bien évidemment Macron qui sort de cet épisode électoral. Pour 5 nouvelles années, nous aurons donc un président symbole et exécutant d’une politique de classe, d’une politique au service de la finance et des financiers. Notons tout de suite que sa concurrente, outre ses discriminations affichées, n’aurait pas, bien qu’elle ait essayé de le faire croire, mené une politique économique et sociale différente : ses votes au parlement européen en sont la preuve. Et pourtant 13 millions de nos compatriotes viennent d’émettre un vote de colère et de désespoir. La plupart ne sont pas des salauds de fachistes comme nous les présentent les "élites" bourgeoises mondialisées qui nous gouvernent, mais des Français abandonnés qui n’en peuvent plus d’être méprisés et auxquels la gauche aura la responsabilité de s’adresser. Il en est de même pour les 17 millions d’électeurs qui ont voté blanc, nul ou ne se sont pas déplacés, ne trouvant aucune issue satisfaisante dans le choix proposé. 

Rappelons quand même le bilan du sortant-entrant :

- destruction du système social français, du système de protection sociale, des services publics, de nos industries dont les fleurons sont vendus à l’encan,

- abandon de notre souveraineté nationale, soumission à la politique atlantiste, fin du corps diplomatique qui permettra de nommer les amis,

- abaissement de la République : malgré de grandes déclarations sur la laïcité, racolage du vote communautariste, heureux qu’il était d’échanger avec une « féministe voilée », remise en cause de l’école publique de qualité pour tous au profit de la concurrence entre les directions d’écoles,

- destruction de l’Etat, mépris des fonctionnaires et des agents publics au profit des copains des cabinets privés d’affaire qui, tel Mc Kinsley, préparent les réformes de casse de nos protections et services publics, préservation des plus riches (suppression de l’impôts sur la fortune), mise à l’index des plus pauvres (suppression des aides sociales), …

Le mot d’ordre, à la sortie de cette séquence, sera donc de (re)gagner par le mouvement social, la mobilisation des salariés et des usagers, ce que nous n’avons pas pu obtenir par l’offre politique.

Ces derniers mois d’une campagne présidentielle étrange, sur fond de pandémie puis de guerre en Ukraine, auront-ils été inutiles ? Peut-être pas. Au-delà des votes dits « utiles » -qui fonctionnent à droite comme à gauche, donc… ne fonctionnent pas-, au-delà du plus fort taux jamais atteint de non-connaissance des programmes par les électeurs, au-delà des votes de colère plutôt que des votes d’adhésion, il est à remarquer que des thèmes sont réapparus, nécessaires au réarmement idéologique en faveur d’une gauche populaire :

- la remise en cause de la métropolisation qui tue la ruralité, le respect de cette ruralité et de ses traditions, le respect des citoyens qui y vivent et aspirent à y vivre correctement ;

- le rapport à la République, à la laïcité, à la liberté d’expression, défendant un vivre ensemble respectant les différences sans les institutionnaliser ;

- la proposition d’une politique énergétique mixte permettant l’indépendance de notre pays -et on en sait quelque chose en plein conflit russo-ukrainien qui nous livre pieds et poings liés aux Etats-Unis ;

- la transformation en profondeur du système économique, contestant les pouvoirs exorbitants de la finance et des entreprises et prévoyant des renationalisations ;

- le renforcement des services publics pour l’égalité des citoyens ; le renouveau de l’Etat comme outil de l’égalité territoriale ;

- le rétablissement de la retraite à 60 ans, l’affirmation de la Sécurité sociale telle qu’imaginée au sortir de la 2nde guerre mondiale par Ambroise Croizat ;

- la priorité à l’emploi ET aux salaires ;

Certes la gauche est diverse et chercher à l’uniformiser est contre-productif. C’est dans sa diversité et dans le respect de celle-ci que la gauche a trouvé, par le passé, la force de peser dans le débat politique français. Aujourd’hui la gauche plafonne à 25-30%, bien loin des 50%, il lui manque 15 à 20 millions de voix, voilà la réalité qu’il nous faut regarder en face. Elle ne les regagnera que si ses différentes sensibilités retrouvent un lien avec les aspirations populaires. Là est l’enjeu. Et sans doute la solution, au-delà des invectives d’appareils.

Bref, retour au véritable débat, lien avec le peuple et en particulier l’électorat en déshérence, reconstruction de véritables organisations démocratiques représentatives du peuple (partis mais également syndicats), confrontation avec les problèmes « de terrain » mais également projection et propositions d’avenir en se réappropriant la République et la laïcité, en mettant le social, le service public, l’emploi et le salaire au cœur.

Voilà un programme de travail auquel, Résistance sociale, dans sa propre diversité interne, est prête à participer.

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