Journal RESO N° 206
Septembre 2021
Mis en ligne le 29 septembre 2021

Au sommaire ce mois-ci

p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p. 3 à 6 : Place au débat : rupture de la Sécu ou reconquête ? / p. 7 : Actu sociale : 5 octobre communiqué intersyndical / p. 8 : Coup de gueule : bravo l’artiste mais pas merci !

L’édito de Marinette Bache

Voici donc la dernière trouvaille de Macron : permettre de donner des pourboires par carte bancaire. Il est sûr que cela va régler le manque de personnel dans le secteur de la restauration ! Et les médias - dont on hésite à les qualifier d’imbéciles ou de lèche-bottes (les 2 mon capitaine) - de reprendre ce formidable scoop à chaque édition de leur journal… Est-il utile de faire remarquer que cette (chiche, probablement très chiche quand elle ne sera pas nulle) augmentation pour les salariés concernés ne devra rien au patron, ne sera pas assujettie à cotisation (donc pas de salaire différé) ?

Quant à son efficacité, il est permis de douter. Par contre cela est un nouveau coin mis dans le principe des cotisations sociales, histoire de bien nous mettre dans la tête que « la sécu » coûte trop cher … aux patrons. Autre sacré coup de griffe dans notre modèle social : le statut dérogatoire accordé à 50 écoles, permettant aux directeurs de choisir les enseignants en fonction d’un projet pédagogique « adapté aux élèves ». Le « coup de gueule » de Flora Michel vous en dira plus. Soulignons tout de suite que cette décision tourne le dos à l’école républicaine de diverses manières : en cassant le statut unique des enseignants (la fonction publique est bien sûr en ligne de mire), en cessant d’offrir et de s’organiser pour assurer à l’ensemble des petits écoliers puis des collégiens et des lycéens l’accès à un même enseignement. On voit déjà dans certaines de nos grandes villes que l’enseignement dans les collèges et lycées des quartiers favorisés et des quartiers populaires n’est pas de la même exigence. Qu’en sera-t-il avec l’application de ce statut particulier ? Un recrutement à la tête du client et non basé sur les diplômes et concours pour les profs, un programme tout autant à la tête du client pour les élèves, c’est un grand pas vers l’école privée et le « chèque école » auquel certains rêvent.

Et pendant ce temps la crise sanitaire qui a servi de prétexte pour revenir sur les droits acquis des salariés, permet aux financiers de s’enrichir. C’est le cas de groupes pharmaceutiques tels Pfizer et Moderna qui ont profité de leur négociation avec l’Union Européenne pour augmenter - de 25% ! - le prix de leurs vaccins. L’ONG Oxfam rappelle que Pfizer, BioNTech et Moderna auraient facturé aux gouvernements jusqu’à 41 milliards de dollars de plus que le coût de production estimé des vaccins. Résistance sociale fait partie du collectif qui demande la levée des brevets et vous appelle à le rejoindre. (...)

La rentrée est aussi l’occasion de constater que, si les salaires stagnent, si l’emploi précaire se multiplie, les bonnes habitudes de Macron de satisfaire les exigences patronales n’ont pas cessé.

Le MEDEF n’a pas baissé les bras pour remettre en cause le salaire socialisé, celui qui paie, par exemple, la sécu, l’assurance chômage et les retraites. Il a eu cette délicieuse formule : « il y a une marge de manœuvre sur les charges ». Formule très dangereuse car Macron va dans son sens (cf. l’histoire des pourboires) et les salariés ne se rendent pas toujours compte que ce sont eux que l’on vole ! Le MEDEF a plusieurs obsessions : baisser grandement (de 20 à 40%) l’assurance chômage et supprimer tous les emplois à statut, bref généraliser le travail au rabais et à statut précaire ; il a un allié très compréhensif à l’Élysée.

Et puis la « réforme » des retraites. Il ne faudrait pas croire que celle-ci est abandonnée ; il n’est même pas sûr que la proximité de l’élection présidentielle la recule. Macron continue sur ses fausses analyses, reprises par les journalistes : « Parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard » serine-t-il comme si c’était le bon sens. Fait-il semblant d’ignorer que les Français ne sont pas égaux devant l’espérance de vie et que les plus aisés vivent en moyenne 12 ans de plus que les plus pauvres ? Et si l’espérance de vie s’est élevée, ce n’est pas par l’opération du Saint Esprit mais parce que le temps au travail a diminué. Enfin, compte tenu du nombre de chômeurs et des difficultés à retrouver un emploi avec l’âge, nombreux sont les salariés qui à l’âge de quitter le travail ne cotisent plus et n’ont ainsi qu’une faible retraite. Je n’évoquerai pas, en plus, la question des femmes qui se sont arrêtées pour élever les enfants !

Nous sommes en train d’entrer dans une période pré-électorale. Résistance sociale engage chacun à regarder les réponses que chaque aspirant candidat donne à ces questions.

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