Journal Resistance Sociale n° 201
Mars 2021
Mis en ligne le 5 avril 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (Le chômage) / p.6 et 7 : Commémoration (150 ans de la Commune de Paris) / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Rien ne change. Tout s’accélère.

C’est ce qui ressort d’une année de crise sanitaire.

Le grand patronat financier n’a, en rien, à se plaindre de la crise du covid qui paralyse notre pays. Bien au contraire : leurs bénéfices explosent et le taux des dividendes est excellent. Sanofi vient de distribuer 4 milliards d’euros à ses actionnaires. Et selon les infos, Bernard Arnaud, le super milliardaire français, vient de doubler sa fortune en un an. Cela va tranquillement continuer puisque le gouvernement annonce de nouvelles baisses des impôts pour les entreprises et des facilités pour que « les plus riches » leur prêtent -charitablement mais pas sans intérêts- de l’argent plus facilement et avec un bon retour sur investissement. Pendant ce temps le gouvernement a décidé que le financement du chômage partiel -8 millions de salariés mis au chômage forcé- serait « socialisé ». On ne peut contester cette décision, mais là où le bât blesse, c’est que le décideur n’est pas le payeur ! Alors qui paie ? Mais l’URSSAF bien sûr… c’est-à-dire l’argent des salariés, pas le budget national et surtout pas le patronat.

Pendant qu’on s’inquiète de l’impact de la crise sanitaire sur les patrons, le chômage, le chômage « ordinaire », explose sans faire la une des journaux (+20% en Ile-de-France qui n’est pourtant pas la région la plus en difficulté). C’est le moment choisi par le gouvernement pour mettre en pratique une réforme de l’assurance chômage qui apportera un peu plus de misère à ceux qui vivent déjà dans la pauvreté. Pas de coup de pouce non plus pour le SMIC ou les minima sociaux, un million de demandes supplémentaires d’aide alimentaire, voici où en sont nos compatriotes.

Sans compter que Macron relance la casse des retraites par répartition qu’il avait pourtant, il y a une dizaine de mois, dit vouloir mettre sous le boisseau. Ceux qui y ont cru vont à nouveau être déçus ! A l’autre bout de l’échelle des âges, les étudiants qui vivent déjà des conditions d’études particulièrement stressantes, traversent, pour les plus défavorisés, de graves difficultés financières. La ministre de l’enseignement supérieur a d’ailleurs reconnu officiellement devant le sénat que le nombre de suicides chez les étudiants devenait préoccupant.

Macron prépare l’avenir… de ses amis en renforçant les privatisations (cf le projet Hercule à EdF) et en pérennisant les atteintes au droit du travail grâce à la prolongation de l’état d’urgence sanitaire.

Il prépare aussi l’avenir par une gestion incohérente de la pandémie : confinements, déconfinements, couvre-feu à 18h en zones rurales mais entassement quotidien dans le métro, fermetures de tous les établissements culturels -qui s’étaient organisés au moins aussi bien que les lieux de travail-, fermetures des bars et des restaurants -qui jettent dans la précarité employés et restaurateurs ou cafetiers-… Par contre, pour ce qui concerne le seul vrai moyen d’endiguer cette épidémie, la vaccination, les vaccins arrivent au compte-goutte, Macron se pliant aux exigences européennes, en fait allemandes. Ne parlons pas du résultat des politiques françaises d’abandon de la recherche : Sanofi ne s’illustre pas ; son vaccin en collaboration avec Pasteur et l’anglais GSK ne devrait pas voir le jour avant la fin 2021. (...)

Cette situation met en lumière la nécessité que les laboratoires de recherche médicale soient des entreprises publiques. Ainsi Sanofi n’aurait pas en juin 2020, en pleine pandémie et alors qu’il avait été grassement nourri d’argent public, supprimé 1000 emplois dont 400 postes de chercheurs et un des 4 sites de recherche en France. Ainsi ne se poserait pas la question du brevet, car, de la même façon qu’ils avaient déjà entravé la création et la mise sur le marché des médicaments génériques, les labos privés s’opposent à la suppression de la « propriété intellectuelle » pour les vaccins. Rappelons, à ce sujet que RESO soutient la démarche de l’initiative citoyenne européenne demandant que les vaccins deviennent des « biens communs ». (Pour signer la pétition : https://noprofitonpandemic.eu/fr/ ).

Terminons par la situation tragique de l’hôpital public. 25 années de disette financière suivies de ces 5 dernières années d’étranglement généralisé expliquent évidemment que notre système hospitalier n’en puisse plus. L’accalmie de l’été aurait pu être l’occasion de commencer à revenir sur ces décisions comptables-libérales. Que nenni ! On a continué à supprimer lits et personnels, y compris en refusant d’ouvrir des lits de réanimation dont on savait qu’on en manquerait (7 lits pour 100 000 habitants en France contre 24 en Allemagne…). Comment s’étonner qu’on déprogramme aujourd’hui dans nos hôpitaux ?

Macron sait que sa gestion est rejetée par les Français au moment où la question de l’élection présidentielle commence à venir dans les esprits. Alors il a même fait dissoudre la mission d’information parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire où LREM était pourtant majoritaire ! Pas de vague ! Combien de temps notre peuple va-t-il continuer à supporter d’être gouverné par des libéraux inconséquents et égocentrés ?

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