En Bolivie, le peuple s’est exprimé !
Par Aude BERRI - Journal RESO n° 196 - Octobre 2020
Mis en ligne le 3 novembre 2020

Luis Arce, le candidat de la gauche et dauphin de l’ancien chef de l’Etat Evo Morales, est sorti nettement vainqueur dès le 1er tour de l’élection présidentielle en Bolivie. Louis Arce remporte plus de 52% des voix et devance ainsi de plus de 20 points son rival, le centriste Carlos Mesa.

Rappelons les faits : Suite aux élections d’octobre 2019, le pays a connu une rupture constitutionnelle débouchant sur une prise de pouvoir (le 12 novembre) de la sénatrice d’opposition Jeanine Añez, dont le parti conservateur Unité démocratique (UD) venait d’obtenir un spectaculaire… 4,24 % des voix. Elle devint néanmoins miraculeusement « présidente » grâce à l’appui des Forces armées, de la police, des partis de droite et des factions d’extrême droite, de transfuges de la société dite « civile » – les Eglises catholique et évangéliques apportant leur bénédiction. En quelques heures, les Etats-Unis (de Donald Trump), le Brésil (de Jair Bolsonaro) et l’Union européenne (par la voix de son représentant León de la Torre) adoubèrent l’enfant adultérin de cette union et le baptisèrent « gouvernement de transition ». Le 20 octobre 2019, le président sortant Evo Morales, qui se représentait au nom du Mouvement vers le socialisme (MAS), avait gagné le premier tour du scrutin présidentiel avec 47,08 % des suffrages et plus de dix points d’avance sur le deuxième, Carlos Mesa (35,51 %) . Il était donc élu. Il n’a pas été poussé à la démission en raison de « fraudes » ayant entaché sa victoire ; alors qu’explosait une vague de violence destinée à terroriser ses ministres et législateurs, ses proches, ses militants et électeurs, il a été victime d’un Coup d’État.

Aujourd’hui le peuple bolivien a parlé et remis démocratiquement et sans que personne (même pas l’OEA et l’UE !) ne remette en cause la transparence de ces élections.

La Bolivie « a -donc- renoué avec la démocratie », s’est félicité Louis Arce promettant « un gouvernement d’union nationale ». Avec un tel score, l’ancien ministre de l’Economie assure le retour au pouvoir du Mouvement vers le socialisme (MAS) après que son fondateur, Evo Moralès, ait dû se réfugier en Argentine pour sauver sa vie. Plus qu’une rupture, c’est donc plutôt un vote pour la continuité.

Evo Morales a revendiqué la victoire de son parti : « Le MAS a gagné largement les élections, y compris au Sénat et à la chambre des députés. Arce est le président de Bolivie », a-t-il déclaré. Lors de ce scrutin, les 7,3 millions d’électeurs choisissaient leur président, leur vice-président et renouvelaient le Parlement bicaméral, dans le contexte inédit de la pandémie de coronavirus.

Quant aux « démocraties européennes », elles se taisent.