Iran et Hong Kong
Journal RESO n° 187 - Décembre 2019
Mis en ligne le 15 décembre 2019

En Iran, depuis plusieurs années des femmes se battent courageusement et ôtent leur voile : chaque mercredi, elles se prennent en photo, cheveux au vent. Pour cela, elles risquent les geôles iraniennes. Aujourd’hui, c’est à travers tout le pays que les Iraniens descendent dans la rue. Étrangement, c’est, comme en France avec la révolte des « Gilets jaunes », suite à une hausse du prix de l’essence que la colère a débordé. Le pouvoir islamiste réprime ces manifestations avec sa sévérité habituelle (des milliers d’arrestations, une centaine de morts), pourtant le mouvement continue et c’est plus d’une centaine de villes qui sont concernées. Le pouvoir d’Ali Khamenei a décidé de priver les contestataires, principalement des chômeurs et des travailleurs pauvres, de toute information extérieure : Internet a été coupé et bien sûr la presse, aux ordres là-bas comme ailleurs, ne mentionne pas cette révolte généralisée. Une révolte qui devient violente : Plusieurs dizaines de banques, de sièges de municipalités, de supermarchés, des voitures des forces de l’ordre ou encore des écoles théologiques ont été brûlées.

Un quotidien ultraconservateur Kayhan a menacé ces « voyous » de « pendaison par une corde” ». Il affirme : « Le crime des perturbateurs est la lutte armée contre le gouvernement d’un imam ou d’un leader religieux et dans la charia et dans la loi du pays, il est passible de la peine de mort ». Les classes moyennes, si présentes il y a 10 ans, ne sont pas encore descendu dans la rue aux côtés de cette contestation spontanée sans organisation ni leader. Mais, si la situation économique et sociale s’aggrave et que l’Etat ne puisse plus payer ses fonctionnaires, des millions de personnes pourraient rejoindre les 1ers manifestants. Alors quid du régime ?

A Hong-Kong, la contestation du gouvernement pro-Pékin ne faiblit pas. L’origine était le fameux décret d’extradition qui n’a finalement pas été publié. Et puis, le gouvernement a subi une large défaite électorale : l’opposition vient de gagner la majorité des sièges dans 17 des 18 conseils de district et a remporté 390 sièges sur 452. Il est à noter que la population de la « Chine continentale » n’est pas du tout solidaire de ce mouvement et estime que les Hongkongais se battent pour leurs privilèges. Les hongkongais sont surtout avides de démocratie et le mouvement est principalement animé par les étudiants. Si le gouvernement central chinois ne bouge pas pour l’instant, la répression par le gouvernement de la zone économique spéciale est par contre violente : des milliers d’arrestations, même si la plupart ont été relâché, plus de 1500 blessés. Aujourd’hui, la mobilisation qui dure depuis 5 mois, s’est installée dans la durée et se durcit. La stratégie appliquée est celle du « éclore partout », qui consiste à multiplier les actions partout où cela est possible afin d’entraver le gouvernement dans sa riposte.