Journal REsistance SOciale n°186
Novembre 2019
Mis en ligne le 18 novembre 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 : L’édito / p. 2 et p. 7 : Actu sociale (Manif Santé ; référendum ADP) / p. 3 à 6 : Place au débat (Mères accompagnatrices voilées, pourquoi il faut être ferme) / p. 8 : Coup de gueule (Retraite par points : Non !)

L’édito de Marinette BACHE

Pour une fois, je commencerai par une bonne nouvelle sur le plan international : la libération de Lula, même si en théorie elle n’est que provisoire. Chacun sait que l’ancien président du Brésil a été victime d’un procès vicié, avec de faux documents et un procureur, aujourd’hui ministre zélé de Bolsonaro, instruisant à charge. L’Amérique latine est aussi au cœur de l’actualité avec le coup d’état contre Evo Morales, le président bolivien, qui a heureusement pu trouver refuge au Mexique. L’indifférence affichée par l’Europe à ce coup d’Etat fasciste soutenu par Trump et les Evangélistes, est affligeante. Enfin saluons la victoire d’un péroniste de gauche en Argentine et espérons que cela mettra fin à la saignée libérale vécue par le peuple argentin au cours de ces dernières années.

Pendant ce temps, la course en vue de l’élection présidentielle de novembre 2020 aux USA bat son plein. Bernie Sanders engrange les ralliements tandis que, du côté républicain, Trump est la cible d’une menace de destitution. Mais celle-ci n’est que théorique et il serait bien aventureux de penser que sa réélection est définitivement compromise. En attendant il poursuit sa politique néfaste à travers le monde comme le lâche abandon des Kurdes face à l’islamiste Erdogan en Turquie au risque de permettre un réveil des Salafistes de Daech même s’ils ont perdu leur chef.

Salafistes qui poursuivent leur guerre idéologique jusque dans notre propre pays, aidés par l’aveuglement d’une partie de la gauche. Il ne faut pas se tromper : le combat pour la laïcité n’est pas qu’un combat sémantique qui n’aurait d’autre but que de détourner les salariés du vrai combat contre le capital, comme se complaisent à le répéter certains irresponsables. La laïcité est indissociable de la République et de ses valeurs, au premier rang desquelles l’égalité en particulier entre les femmes et les hommes. Là où certains voudraient imposer la soumission des femmes, nous devons soutenir leur combat pour l’émancipation comme le font avec courage ces Iraniennes qui luttent contre le port obligatoire du voile. (...)

Cela va de pair avec notre opposition à la politique néfaste de Macron et de son gouvernement alors qu’on fêtera dans quelques jours le premier anniversaire du début du mouvement des Gilets Jaunes. Résistance Sociale soutient bien sûr la journée du 14 novembre pour la défense de l’hôpital public comme elle soutient l’action programmée pour le 5 décembre. Action contre la réforme des retraites qui s’étend à d’autres secteurs que celui des transports alors que le gouvernement semble chaque jour un peu plus inquiet d’un possible remake du mouvement social de 1995 contre la réforme Juppé. Ne nous leurrons pas pourtant. Derrière ce qui semble être des reculades, il y a bien la volonté d’effacer définitivement les conquêtes du Conseil National de la Résistance, à commencer par la Sécurité sociale. Non le modèle libéral de Macron, la société américaine et ses inégalités criantes, n’est pas le nôtre. Alors que la trêve hivernale vient de débuter, comment admettre qu’en France, cinquième puissance mondiale, il y ait 9 millions de pauvres et des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants qui dorment dans la rue faute d’avoir un toit où se loger, alors que dans le même temps actionnaires et patrons profitent d’un CAC40 qui bat des records.

En supprimant tous les offices qui permettaient d’établir un bilan des politiques sociales, le gouvernement montre que seul l’intéresse le sort des plus riches, de ceux grâce auxquels Macron doit son élection. A en croire les sondages, une large majorité de Français l’a compris. Encore faudrait-il qu’ils puissent trouver des femmes et des hommes prêts à entendre leur souffrance et à leur proposer une véritable alternative tant sur le plan social que politique. C’est le défi auquel toute la gauche politique, syndicale, associative, intellectuelle doit s’atteler si nous voulons éviter à notre peuple de tomber sous le joug de l’obscurantisme.