Les transports aériens victimes du libéralisme
Article paru dans le n° 184 du journal RESO (septembre 2019)
Mis en ligne le 1er octobre 2019

En France, Aigle Azur cherche –et trouvera peut-être par l’intermédiaire de la compagnie nationale- un repreneur. XL Airways vient, quant à elle de déposer le bilan. Mais il n’est pas qu’en France que ces compagnies à « bas coûts » -et bas services- rencontrent des problèmes. Crées toutes sur le même modèle et avec la même désinvolture vis-à-vis du personnel, payé au lance-pierre et rattaché à des pays où le droit du travail est faible.

La compagnie low-cost Ryanair est emblématique de ces faits. Le mouvement de grève auquel elle est confrontée s’étend à toute l’Europe, partout pour les mêmes raisons : droit du travail non respecté, bas salaires et licenciements.

Ryanair a annoncé durant l’été son intention de supprimer 900 emplois sur ses quelque 13.000 salariés et de fermer quatre bases en Europe. Depuis lors, la société fait face à plusieurs mouvements sociaux.

Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Belgique et différemment, Irlande, sont les principaux pays concernés.

Les pilotes britanniques de la compagnie irlandaise, avec leur syndicat Balpa, ont voté en faveur d’une grève durant sept jours d’ici la fin du mois de septembre (les 18, 19, 21, 23, 25, 27 et 29). Ils avaient déjà suspendu leurs activités une première fois au mois d’août en raison de leurs conditions de travail. Ils protestent contre les conditions salariales, les retraites et les prestations de maternité.

En Irlande, par contre, la grève des pilotes irlandais initiée par un syndicat de pilotes a en revanche été bloquée par la Haute Cour de Dublin, au prétexte que la procédure de médiation n’avait pas été menée à son terme. Le syndicat irlandais prévoyait cet arrêt de travail de pilotes afin de protester contre leurs conditions salariales jugées insuffisantes. Les revendications portent également sur les retraites et les prestations de maternité.

Au Portugal, le personnel de cabine, avec le SNPVAC, syndicat d’hôtesses de l’air et stewards, a engagé une grève reprochant à Ryanair de ne pas avoir tenu compte d’engagements pris en novembre 2018 concernant la législation du travail.

En Espagne, les pilotes espagnols de la compagnie aérienne se croiseront ainsi les bras pendant cinq jours en septembre (les 19, 20, 22, 27 et 29) pour peser en faveur de meilleures conditions de travail après que les réunions de conciliation se sont avérées infructueuses. Une autre grève de dix jours en septembre se profile de la part du personnel de cabine pour protester contre des fermetures prévues de quatre (Tenerife, Lanzarote, Grande qui Canarie et Gérone) des seize bases aéroportuaires du transporteur.

En Belgique une "journée d’action de solidarité internationale" aura lieu le vendredi 27 septembre au sein du personnel de Ryanair, annonce mardi le syndicat chrétien CNE.

Ryanair s’organise en vue du Brexit, et ne cesse de développer sa filiale autrichienne Laudamotion, avec des conséquences sociales liées au droit du travail plus ou moins contraignant selon les pays, dénonce, entre autres, le syndicat espagnol USO.

Notons que l’Italie est également touchée par des grèves chez Alitalia avec l’annulation de dizaines de vols. A l’appel de l’intersyndicale Filt Cgil-Fit Cisl-Uiltrasporti, la grève concerne l’ensemble des pilotes, personnel navigant et au sol. Les syndicats réclament une vaste réforme du secteur, des règles plus contraignantes en matière de respect de la concurrence, plus de transparence dans l’attribution des marchés et des normes spécifiques contre le « dumping contractuel et salarial » imposé par un nombre croissant de compagnies.

Aux Pays-Bas, c’est KLM qui est touchée par une grève du personnel au sol pour demander une augmentation de salaire. Air France, Delta et d’autres compagnies de l’alliance SkyTeam ainsi que Transavia, la filiale à bas coût du groupe Air France-KLM, devraient aussi être touchées par la grève.