L’édito de Mai 2019
Mis en ligne le 27 mai 2019

Ainsi donc Macron a parlé. Il a tenu cette conférence tant attendue… par les médias à sa botte. Ce show télévisé prétendait clôre le fameux « grand débat » qui a permis au toujours candidat Emmanuel Macron de se payer des heures d’apparitions télévisées, pendant la campagne européenne, pour lui et ses afficionados. Mais toutes ses tentatives et celles de ses inféodés, gouvernement, députés LREM et BFM aux ordres, n’ont réussi à enfumer personne. Près de 2/3 des Français ne l’ont pas trouvé convaincant –il fait moins bien que Hollande à même époque de mandat. On peut les comprendre. Faisons le bilan des annonces.

ISF : on sait que les Français plébiscitent le retour de cet impôt qu’ils considèrent comme un des instruments de la redistribution. Nada. Rien. Comme Macron l’avait déjà dit. Aucune annonce non plus de réforme pour plus de justice fiscale. Une augmentation du nombre de tranches pour l’impôt sur le revenu ? Une plus forte imposition du bénéfice des sociétés ? vous rêviez !

Le gel du salaire des fonctionnaires ? Maintenu. Le Smic ? Rien. Pourtant 92% des Français réclament son augmentation. Et mieux, 1 Français sur 2 préconise une augmentation de 25% des salariés les moins bien payés et une baisse de 40% des revenus des grands patrons. Ce n’est pas difficile d’y voir la marque d’un refus de ces inégalités criantes et croissantes des revenus.

Retraites. Alors là, chapeau pour la désinformation (langage poli) ou pour le gros mensonge (réalité toute crue). Il n’y aura aucune ré-indexation des petites retraites l’année prochaine, comme faussement annoncé, simplement pas de sous-indexation… puisque le Conseil d’Etat l’avait interdite, suite à la saisine de parlementaires. Le gouvernement va donc seulement sous-indexer les retraites au-delà de 2000€… alors que 88% des Français s’opposent à toute baisse des retraites.

Autre astuce qui relève du mensonge : on ne touchera pas à l’âge légal du départ en retraite. Mais on augmentera la durée de cotisation. Expliquez-moi la différence au final !

Et pour le chômage, on annonce – sans mode d’emploi- une augmentation du temps de travail. Il se moque de nous ou il marche sur la tête ? Les 2, mon capitaine.

Côté démocratie, bien sûr, aucune avancée sur le référendum d’initiative citoyenne. Trop dangereux de laisser le peuple se mêler de ce qui le concerne. (...)

Un autre joli travestissement de la vérité qui ne passe pas : celui du moratoire sur les fermetures de services publics. On ne fermera plus d’hôpitaux et de maternités de proximité pendant 2 ans. Certes : c’est déjà fait et aucune réouverture n’est programmée. Par contre, on ferme des services en chirurgie, en urgence…, on ferme des lits, on supprime du personnel ; on transforme les maters en « centre de périnatalité ». Bientôt, on récompensera les services hospitaliers qui dirigeront vers le privé (ce n’est pas une plaisanterie). !

On ne fermera plus d’école non plus… seulement des classes. Au secours Gauvain Sers (« Les oubliés »)

Et les bureaux de poste ? Dans un Franprix ! Et les boutiques SNCF ? Dans les bureaux de tabac !

Bref une grosse séance de foutage de g… (pardon !) : c’était ça la réponse de Macron à l’épisode 23 des gilets jaunes. Faisant fi de l’exaspération populaire, ignorant une mobilisation inédite depuis 50 ans, il poursuit sa méprisante contre-révolution libérale.

Il semble cependant que les Français, après s’être longuement détournés de l’action collective, ne veuillent plus baisser les bras. Voici 5 mois ½ que dure le mouvement populaire des GJ. Les collectifs citoyens de défense des Services publics se multiplient et se pérennisent malgré les difficultés. Les journées d’action syndicale deviennent de plus en plus unitaires, condition et gage de leur réussite.

Une lueur à l’horizon.