Journal REsistance SOciale n°180
Avril 2019
Mis en ligne le 19 avril 2019

LE STATUT DE LA FONCTION PUBLIQUE CE N’EST PAS SEULEMENT L’AFFAIRE DES FONCTIONNAIRES, C’EST L’AFFAIRE DE TOUTES ET TOUS !

Par Lucien JALLAMION, vice-président de Résistance Sociale, fondateur de République et Socialisme et Michel JALLAMION, porte-parole de Résistance Sociale, président de la Convergence pour la Défense et le Développement des Services Publics.

A l’heure où le gouvernement veut en finir avec le statut des fonctionnaires en intégrant la possibilité de rupture conventionnelle et en ouvrant l’ensemble des postes à des CDI, des CDD en lieu et place des fonctionnaires par le projet de loi « pour la modification de la fonction publique » qu’il compte faire adopter en urgence durant les vacances scolaires d’été, à l’heure où le rapport CAP 22 veut mettre fin au service public, à la fonction publique et à la sécurité sociale, où le rapport Duhat/Laine remis le 27 mars à Gérald Darmanin demande d’externaliser par délégation au privé l’ensemble des relations avec les usagers, à l’heure où Action publique 2022 prévoit la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires et de couper plus de 50 milliards dans les dépenses publiques… il est important de casser de fausses rumeurs venant en grande partie de la méconnaissance de notre histoire commune, et des a priori qui peuvent parfois être ancrés chez nos concitoyens depuis plusieurs générations. Non, le statut des fonctionnaires ne vient pas de Vichy, non le service public ne date pas de Louis XI, mais de la Révolution Française, non les fonctionnaires ne sont pas des « privilégiés », ce qui reste des « fonctionnaires privilégiés » de l’Ancien régime, ce sont les notaires qui achètent encore leur charge. Les syndicats de fonctionnaires n’ont jamais été opposés au statut émancipateur de 46 qui n’a pas été troqué contre le droit de grève (qui deviendra réellement « acquis », bien que toujours limité à la continuité du service, qu’à partir de la jurisprudence Dehaene de 1950). Il a fait l’objet d’un consensus national : à la Libération, c’est à l’unanimité que les 145 articles ont été votés par l’Assemblée nationale constituante.

C’est ce statut fondateur qui ouvrit la voie au statut fédérateur de 1983, mis en place par Anicet le Pors, ministre communiste de François Mitterrand, d’une fonction publique « à trois versants ». C’est parce que le statut garantit l’intérêt général, l’indépendance et l’intégrité qu’il nous faut aujourd’hui le protéger, coûte que coûte et demander qu’il devienne enfin totalement fédérateur en couvrant l’ensemble des missions de la fonction publique !

Le statut n’est pas que l’affaire des fonctionnaires. Il est notre affaire à tous car il est lié à un choix de société de privilégier l’intérêt général aux intérêts particuliers. Le détruire c’est faire le choix d’une société individualiste ayant comme seul horizon de faire des profits immédiats au seul bénéfice des plus riches.