Journal Résistance Sociale n° 171
Juin 2018
Mis en ligne le 19 juin 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 : L’édito / p. 2 : International : La liberté des femmes dans le monde / p. 3 à 5 : Place au débat : Combat laique - Combat social / p. 6 et 7 : Actualité sociale : Initiative Services publics du 23 juin / Victoire à l’hôpital du Rouvray : p.8 : Coup de gueule : La Sécu, le déremboursement et nos vieux

L’édito de Marinette Bache :

Nous avons affaire, avec Macron et ses affidés, à une nouvelle génération d’adversaires. Méprisants, sans considération aucune pour les salariés des classes populaires comme des classes moyennes, ils sont déterminés à agir par n’importe quel moyen et, si nécessaire en brûlant toute l’histoire sur son passage, pour détruire les solidarités héritées de 150 ans de luttes ouvrières. Ils s’acharnent à cimenter leur société du « chacun pour soi », où –le croient-ils vraiment ?- seuls ceux qui méritent de gagner –et pour cela tous les coups sont permis- méritent aussi une place au soleil. C’est à une forme de tatchérisme relooké que nous avons affaire.

Le conflit consécutif à la « réforme » cassant le service public de transport ferroviaire en est un exemple éclairant. Les cheminots mènent, avec une persévérance peu commune et dans une forme d’unité syndicale qu’il faut saluer, une grève perlée depuis bientôt 3 mois. Malgré la présentation de médias complices, on constate que le mouvement tient. Et qu’il est étonnamment peu décrié par les usagers, sans doute un peu conscients de l’enjeu du combat mené par les agents de la SNCF.

Pourtant le gouvernement va jusqu’au bout de ce qu’il s’était fixé dans cette 1ère étape. Chacun voit bien qu’au-delà, le terme est la privatisation. Peu importe les exemples des chemins de fer britanniques et allemands, peu importe que ces privatisations y aient été un cuisant échec, peu importe que, devant la catastrophe, les usagers réclament l’intervention du Public ! Il s’agit d’un choix dogmatique libéral. Le but est de permettre au privé d’occuper un marché, puis de satisfaire les exigences des actionnaires, pas de répondre à un besoin d’intérêt général.

D’autres mouvements sociaux coexistent avec celui des cheminots, même s’ils ne font pas le 20h.

Le malaise dans les EHPAD est persistant. Des personnels y sont en grève, d’autres crient leur frustration de pratiquer ce qu’ils appellent de la maltraitance sous le regard indifférent de Mme Buzyn. A Paris, où 63% des résidents des EHPAD du Centre d’action sociale de la ville sont pris en charge par l’aide sociale, la Maire, Anne Hidalgo, a bien raison de s’inquiéter, dans une lettre à la ministre de la santé, de la réforme en cours qui organise le glissement des financements du public et de l’associatif vers les maisons de retraite privées à but lucratif.

Mais il n’y a pas que des perdants dans les choix économiques macroniens. Tandis que la grande pauvreté s’installe et se pérennise pour de nombreuses familles, tandis que, selon l’INSEE, le niveau de vie médian en 2015 est inférieur à celui de 2008, tandis que le « patrimoine » moyen baisse de plus de 30% pour les 10% de ménages les moins favorisés, celui des 10% les mieux dotés augmente de 113% ! (...)

La France est à la 1ère place européenne pour la redistribution des dividendes aux actionnaires. Le taux de redistribution pour les entreprises du CAC40 est passé, en un peu plus de 15 ans, de 33 à 50%, tandis que le salaire moyen n’augmentait que de 14%... performance que n’atteint même pas le pouvoir d’achat.

Notons les dernières augmentations : frais bancaires +13%, carburant +12%, assurances +3 à +5%, timbres +10%, gaz +7%, forfait hospitalier +15%, CSG +21%, électricité +17%, fioul domestique +36%. Et pour le SMIC +1,2%...

On peut comprendre que, dans ce contexte, la désespérance des Français se mue en apathie. C’est d’ailleurs ce qui fait la force du président et de son gouvernement. Rien ne le fera reculer en dehors d’une action concertée.

La « marée populaire » du 26 mai était une première tentative unitaire. Il faut la saluer comme telle. On peut juger que sa réussite n’était pas totale. Le verre est toujours à moitié plein ou à moitié vide. Il faut cependant savoir reconnaitre que là est le chemin. A RESO, nous voulons en tirer la leçon que cette démarche de recherche d’union doit être poursuivie sans relâche. Il faut que chacun se mette en responsabilité de chercher à l’amplifier : Union syndicale d’abord, bien sûr, mais également recherche politique de convergences permettant de redonner un espoir à nos concitoyens.