Journal Résistance Sociale n° 168
Mars 2018
Mis en ligne le 15 mars 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat : des réponses de syndicalistes / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Après une impressionnante mobilisation des personnels des EHPAD, des milliers de manifestants viennent de défiler contre les atteintes aux retraites. Il s’agit là d’une remise en cause d’un conquis social dont on ne peut s’étonner de la part d’un gouvernement ultra-libéral. On ne peut que noter, en sus, le mépris de cette caste au pouvoir traitant les seniors de « génération dorée », tandis que le président lui-même prétend donner des leçons de solidarité à cette génération, celle de la création de la Sécurité sociale, lui qui supprime l’ISF, lui qui ne fait rien contre l’évasion fiscale !

Maintenant c’est la Fonction publique qui est dans le collimateur avec le projet de supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires.

Comment tenir la promesse de dédoubler les CP en REP sinon en reportant des difficultés sur les autres classes si, non seulement, on ne crée pas de postes d’enseignants mais qu’on en supprime ? Comment améliorer l’accueil dans les urgences hospitalières, mais également comment diminuer le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous hospitalier, comment empêcher que les malades dorment sur des brancards dans les couloirs si on n’embauche pas de personnel médical, soignant, administratif et si on supprime des lits ?Comment lutter contre l’évasion fiscale si on n’y dédie pas des agents des Finances publiques ? Comment respecter les banlieusards quand les transiliens, les TER, les RER ne sont plus correctement entretenus, les rails pas maintenus, faute de personnels ? Outre que les usagers sont victimes de médiocres conditions de transports et de fréquences de retards accrues, ils sont exposés à des conditions de sécurité dégradées ; manifestement les résultats catastrophiques de la privatisation du rail en Grande Bretagne par Margareth Thatcher ne servent pas de leçon !

Il n’aura pas échappé à nos lecteurs qu’entre les salariés et ses amis du CAC40, Macron a choisi. Le pouvoir d’achat stagne ou diminue tandis que le taux de redistribution de ces entreprises dépasse les 50% contre 33% il y a une quinzaine d’années : 44 milliards ont été reversés en 2017 soit 3 fois plus !. Entre la réponse aux besoins de nos concitoyens qui passe par l’utilisation des richesses produites et leur répartition d’une part et la rémunération des actionnaires d’autre part, Macron et son gouvernement ont choisi. (...)

Toutes leurs actions, parées du nom de « réformes », ont pour seul but de « marchandiser » ce qui ne l’est pas encore : l’école, l’hôpital, les transports par exemple, qui, jusqu’alors, y échappaient en partie, vont bien sûr être en but à la libéralisation tout azimut.

Une mobilisation sociale d’ampleur peut, seule, les faire reculer. Après la casse du droit du travail, l’affaiblissement de la protection sociale, la « surmultipliée » est passée en vue de détruire ce qui, dans un contexte européen de régression sociale généralisée, a permis à la France de mieux résister : ses services publics.

La volonté de construire cette mobilisation en privilégiant les initiatives unitaires est essentielle. Elle doit s’imposer à tous et à chacun. On sait que c’est la condition de la réussite. Aussi est-il temps d’oublier les anathèmes et de refuser les préalables. Quiconque soutient le mouvement que les cheminots initient le 22 mars et prévoient d’organiser sur les semaines à venir, quiconque veut le rejoindre doit être accueilli. L’unité de toute la gauche syndicale, politique et associative doit être privilégiée à toute querelle de chapelle comme à toute arrière-pensée électoraliste… d’autant plus que les Français sauraient s’en souvenir.

A Résistance sociale, nous serons présents et unitaires.