Journal Résistance Sociale n° 164
Novembre 2017
Mis en ligne le 27 novembre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Hommage à Didier MOTCHANE / p.3 à 6 : Place au débat (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (du comité de rédaction de RESO)

L’édito de Marinette Bache :

Macron continue à appliquer sans complexe et, pour l’instant sans réelle mobilisation de l’opposition poli-tique et syndicale, son programme libéral. Il vient de s’adjoindre un député « socialiste » qui, en début de semaine, avait voté contre son budget. Une nouvelle preuve que ce qui caractérise les ministres de Macron, ce n’est pas la compétence, ni la croyance en des valeurs, mais l’opportunisme. Ces ministres, on pourrait presque dire cette secte en y ajoutant les députés LREM, n’ont que faire ni des salariés ni de la France mais ne sont là que pour servir leur gourou, à l’image de Castaner avouant son amour pour Macron. Castaner récompensé par sa nomination (difficile de parler d’élection alors qu’il était le seul candidat) au poste de secrétaire général de LREM et par son maintien au gouvernement comme secrétaire d’état aux relations avec le Parlement, histoire qu’il puisse continuer à recevoir une indemnité ! Mais que peut-on dire, si Najat Vallaud-Belkacem a réellement demandé à être payée pour se présenter à la tête du PS … Il est bien loin le temps des militants !

Macron peut dormir tranquille. Ce n’est pas demain qu’il rencontrera une vraie opposition. Les Républicains s’apprêtent à se donner à Wauquiez, l’homme au programme Front national compatible. La « France Insoumise » reste une nébuleuse dont les adhérents sont appelés à ne pas se structurer, dont le programme est descendu du sommet sans aucune organisation de débat, tournant ainsi le dos à la tradition du mouvement ouvrier qu’il devrait pouvoir incarner. Et JL. Mélenchon dont la laïcité n’est pas à mettre en doute, tolère qu’une députée de son mouvement professe des idées profondément communautaristes. Le PCF prépare son congrès ; un siècle après 1917, qu’en sortira-t-il ? Même s’il est le seul parti de gauche capable d’avoir des adhérents qui, à la fois, débattent et sont présents sur le terrain, son impact électoral est faible. Le Mouvement du 1er juillet (M1717) d’Hamon prépare son lancement officiel mais dans les propositions soumises au débat, le social et la laïcité n’y ont guère de place. Quant au PS, il part en quenouille, virant un de ses derniers ténors de gauche mais soutenant par la voix de son président de groupe au Sénat le débauchage opéré par Macron et s’abstenant toujours au Sénat sur le projet de loi de Sécurité Sociale… Le PS qui prépare son congrès en excluant ses adhérents de gauche tandis que ceux qui ont soutenu Macron au premier tour sont toujours là et fanfaronnent. Face à cela la mouvance républicaine de gauche aujourd’hui éclatée retend des fils. L’année 2018 sera-t-elle l’occasion de retravailler à ce que la composante républicaine puisse, ensemble, apporter sa pierre à la reconstruction de la gauche ? (...)

Et, pendant ce temps-là, les salariés trinquent alors que les organisations syndicales ne parviennent pas à opposer un front uni et solide. Plus encore que face à la loi travail, la mobilisation contre les ordonnances Macron a été un échec. Alors que les sondages attestent de leur impopularité, les organisations syndicales ne sont pas parvenues à faire comprendre aux salariés qu’ils devaient bouger pour éviter de nouveaux coups bas. Et si, comme nous le disons à Réso depuis 2003, l’heure était venue de reconnecter mouvement social et aspiration à un autre avenir ? Il est toujours plus facile de se battre pour que contre surtout lorsqu’on ne voit pas de débouché immédiat à la lutte. Mai 68 dont on va bientôt fêter le 50ème anniversaire n’aurait sans doute pas la même portée symbolique s’il n’y avait pas eu les accords de Grenelle.

Côté international, on notera que plus de deux mois après les élections, l’Allemagne n’a toujours qu’un gouvernement de transition et cela pourrait durer. La coalition « Jamaique » (CDU, FDP, Verts) n’a pu voir le jour. Certains seraient prêts à reconduire la coalition CDU-SPD mais les plus lucides savent que le SPD y perdrait beaucoup au point demain de devenir un autre PASOK ? Quoiqu’il en soit cela complique les affaires de Macron qui se trouve bien seul à défendre son projet européen…

Documents joints
Document (Zip - 445.1 ko)