Journal Resistance Sociale n° 154
Décembre 2016
Mis en ligne le 20 décembre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Protectionnisme ; par David CAYLA) / p.7 : Macron : Incohérence ou parfaite cohérence ? (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.8 : Coup de gueule (La Poste ; par Pierre-Yves MESCOFF)

L’édito de Marinette Bache

On sait enfin qui sera candidat à la primaire de la « BAP » (la mal nommée « Belle Alliance Populaire », chargée d’organiser celle-ci). Parmi les heureux élus quatre du Parti Socialiste, une du PRG et deux anciens écologistes, issus de petites formations pro-gouvernementales. Par contre, ni Gérard Filoche, figure de la gauche socialiste, ni les candidats parrainés par le MRC, Nouvelle Donne ou le Mouvement Progressiste. Plutôt qu’une primaire partielle de la gauche, la direction du PS a donc préféré une forme d’entre-soi, les petits partis satellites ne pesant pas grand-chose. En l’absence de Mélenchon, il ne pouvait de toute façon pas y avoir de véritable primaire de la gauche. Quant à Macron, son positionnement idéologique en fait un OVNI de droite pas un candidat de gauche malgré le soutien de quelques socio-libéraux.

Au rebours des sondages dont on a pu juger des remarquables performances, je ne ferai pas de pronostics sur l’issue de cette primaire. Je souhaite qu’elle permette de désigner un candidat capable de rassembler une grande partie de la gauche, première condition pour figurer au second tour de la présidentielle, ce qui, à ce stade, est loin d’être acquis. Toutefois Fillion ne recueille qu’un sentiment mitigé de la part des Français, pas convaincus par ses propositions libérales et thatchériennes. Hollande a préféré jeter le gant plutôt que de se représenter et de subir une défaite humiliante. On ne le regrettera pas. En cinq ans de présidence, pas une seule augmentation du SMIC, le chômage est toujours à un haut niveau, la pauvreté s’accroit. Et les collectivités territoriales ont vu drastiquement diminuer leurs subventions alors qu’on leur demande de se substituer à l’État dans le secteur social ! Ajoutons que ce n’est pas au cœur des préoccupations des élus de droite et d’extrême-droite qui gouvernent une bonne partie d’entre elles.

Le grand défi de la gauche pour 2017 c’est de redonner à nos concitoyens l’envie de voter pour elle. Ce n’est pas en faisant de la communication ou en se livrant à la démagogie qu’elle y arrivera. Même si on est proche de Noël, il ne faut pas prendre les Français pour des naïfs : certaines promesses comme la suppression du 49-3 font sourire. (...)

Oui, il est encore possible quand on est de gauche de se battre pour le progrès social. Non ce n’est pas désuet de respecter les syndicalistes et les salariés qui bossent en bleu de travail ! Certains avec leurs solutions héritées du 19ème siècle voudraient nous faire croire qu’ils sont modernes. Est-ce moderne que de vouloir réduire les prestations sociales pour distribuer toujours plus aux plus riches ? Est-ce moderne de détruire nos services publics au nom de la libre concurrence faisant fi des besoins du plus grand nombre pour la seule satisfaction d’une minorité ? Ces questions il faudra bien se les poser lors de la prochaine élection présidentielle.

Tout comme le fait de savoir si on veut une France laïque respectueuse de toutes les croyances et non-croyances ou une France soit disant multiculturelle mais en réalité fondée sur les particularismes.

La laïcité c’est ce qui nous permet de vivre ensemble malgré nos différences en respectant l’univers intime de chacun mais en ne mettant pas en exergue tel ou tel ornement dans l’espace public. Ce combat permanent est celui qui permet à chacune et à chacun de se sentir pleinement intégré dans la République.

Depuis sa création Résistance Sociale s’est attachée à faciliter le dialogue entre militants, qu’ils soient politiques, syndicalistes ou associatifs. A l’aube d’une nouvelle année, nous pensons qu’il est temps d’aller plus loin et de travailler à l’affirmation des valeurs qui sont les nôtres, même si elles ne sont pas partagées par tout le monde. Nous entendons ainsi participer à notre niveau à la refondation de la gauche, plus que jamais nécessaire. Dans ce cadre nous travaillons à un document recensant ces valeurs auxquelles nous croyons mais aussi les interrogations qui sont les nôtres. Il ne s’agit pas de créer une chapelle de plus mais d’aider au rassemblement de celles et ceux qui portent cette même analyse au delà des structures auxquelles ils appartiennent. Vaste programme sans doute mais bien nécessaire face à la montée des intolérances et des sectarismes.