Journal REsistance SOciale n° 151
Septembre 2016
Mis en ligne le 29 septembre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY)/ p.7 : Actualité sociale (Par Eric RAMAZANOFF) / p.8 : Coup de gueule (Par Michel JALLAMION)

L’édito de Marinette BACHE :

En cette rentrée de septembre, qui oserait dire que « l’automne sera chaud ». A droite comme à gauche, chacune et chacun semble avoir les yeux tournés vers une seule échéance : la prochaine élection présidentielle d’avril 2017. A droite c’est le concours pour être celui ou celle qui sera le plus « libéral », le plus anti-fonctionnaire, le plus « anti-immigrés »… Les chiffres pleuvent : moins 300 000 fonctionnaires ici, moins 500 000 là, tandis qu’un autre prône la fin du statut de la fonction publique, qu’un quatrième voudrait remplacer tous les directeurs d’administration centrale au profit de valets de la possible future nouvelle majorité et un cinquième aligner le régime des retraites du public sur celui du privé. C’est faire semblant d’oublier le pourquoi de la fonction publique et de son statut : faire en sorte que les personnels ne soient soumis à aucun intérêt privé et agissent à l’égard de tous les citoyens de la même manière. Il est vrai que cela peut paraître incongru pour ceux qui n’hésitent pas à dilapider les fonds d’une collectivité ou d’un service public à des fins privées ou à détourner des sommes parfois importantes pour satisfaire quelque lobby.

Il ne faudrait cependant pas croire que cette vision archaïque soit l’apanage de la droite. Des responsables qui s’étiquettent eux-mêmes à gauche, bien qu’ils soient de vrais libéraux, tiennent le même langage. Difficile dans ces conditions pour le peuple de s’y retrouver. Il a, non sans raison, l’impression que droite ou gauche c’est du pareil au même. Et ceux qui tentent désespérément de dire le contraire sont ignorés des médias à la solde de grands patrons ou passent à des heures de faible écoute.

Pourtant contrairement à ce qu’on nous serine à longueur de journée, il n’y a pas de fatalité ni une seule politique possible. On le voit bien : la politique économique menée ces dernières années au profit des privilégiés ou des grandes entreprises est un échec patent. Ce n’est pas un hasard si la croissance de la zone euro est plus faible qu’ailleurs. Même le FMI le reconnaît !

Il semble d’ailleurs que cette politique soutenue par Merkel commence à faire grincer des dents en Allemagne. Les défaites pour la chancelière se suivent un dimanche après l’autre et pas seulement à cause de sa politique migratoire.

Il est vrai que cette politique a conduit nombre de foyers allemands sous le seuil de la pauvreté. (...)

Il en est d’ailleurs de même en France même si, grâce à un système social pas encore complètement détruit, le remède a été un peu moins douloureux. Alors que nous pouvions nous enorgueillir d’avoir les meilleurs écoles et hôpitaux du monde, la politique d’austérité est passée par là... Et, mesure après mesure, ce sont toujours les mêmes qui trinquent tandis qu’une petite minorité s’enrichit toujours davantage. La France a le triste privilège d’être le pays européen qui rémunère le mieux les actionnaires des entreprises, alors même que de plus en plus de gens, y compris des salariés en CDI, dorment dans la rue. Comment en vouloir à celles et ceux qui cherchent une autre voie que celle prônée au niveau national par le duo LR/PS, même si, on le voit bien au niveau régional ou local, droite et gauche ce n’est pas nécessairement la même politique ?

Oui, une autre politique économique fondée sur la croissance et l’emploi est possible ! Oui, des services publics forts et efficaces, modernes et performants sont une nécessité pour maintenir la cohésion sociale ! Oui, la France a les moyens de mener une politique économique répartissant mieux le travail et offrant de meilleurs salaires à ses actifs et de meilleures retraites. Non, il n’y a aucune fatalité à ce que l’âge de la retraite soit encore repoussé alors même que dans beaucoup d’entreprises le fait d’atteindre les 50 ans est synonyme de licenciement ou de retraite anticipée.

Fin octobre, pour réfléchir à un « manifeste » qui pourrait servir de base à notre apport pour une reconstruction de la gauche sur une base sociale et républicaine, RESO réunira une « Rencontre citoyenne » à laquelle tous les adhérents et lecteurs seront invités.