Journal REsistance SOciale n° 150
Juillet/août 2016
Mis en ligne le 22 juillet 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale : Une victoire pour les Conti de Clairvoix / p.3 à 6 : Place au débat : La gauche dans le piège du Brexit (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Solidarité internationale : Dilma Rousseff : retour sur une destitution scandaleuse (par Jean-Luc GARNIER) / p.8 : Coup de gueule : Les leçons des révolutionnaires en chambre (par Yves MESCOFF)

L’édito de Marinette Bache :

Malgré quatre mois de luttes et de manifestations, parfois importantes, Valls persiste et « assume » en utilisant à nouveau un 49-3 pour faire passer une loi massivement rejetée par les Français sans même permettre aux députés de la discuter en séance. Même la proposition d’un compromis par 123 parlementaires socialistes à l’initiative d’un député pourtant réputé proche du gouvernement a été balayée d’un revers de main ! Cette attitude autoritaire d’un président et d’un chef de gouvernement à moins d’un an d’une élection présidentielle et des élections législatives apparaît incompréhensible surtout lorsque ceux-ci battent les records d’impopularité. Le MEDEF affirme qu’elle ne créera aucun emploi... même si c’est pour réclamer plus encore de dérégulation. Les dirigeants des TPE/PME soumis aux ordres de commanditaires n’en veulent pas davantage car ils craignent les pressions accrues de ces derniers. Côté syndical, le front favorable à la loi s’est fissuré puisque la CGC a rejoint la contestation, imitée par des syndicats adhérents à l’UNSA ou à la CFDT. Pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, une manifestation d’origine syndicale a failli être interdite. Et cela sous un gouvernement dit « de gauche » ! Un gouvernement qui apparaît de plus en plus minoritaire et dans sa tour d’ivoire, obsédé par sa volonté d’obéir coûte que coûte aux injonctions de la Commission européenne dont il partage les options libérales.

Même si les mois d’été ne sont pas propices à la mobilisation, et si la loi Travail sera probablement définitivement adoptée dans les semaines qui viennent, on peut s’attendre à ce que la contestation reparte de plus belle à la rentrée. L’exemple du CPE l’a montré : même publiée une loi peut toujours être retirée lorsque la contestation devient trop forte.

Il ne faut donc pas désespérer. Le combat doit continuer. Seule la lutte paie. L’exemple des Conti qui viennent d’obtenir un jugement favorable de la Cour de cassation plusieurs années après avoir été virés comme des « malpropres » est aussi un signe d’espérance.

Certes, face au pilonnage libéral dont elle est l’objet, y compris de la part de certains de ceux qui sont censés la représenter, la gauche est aujourd’hui morcelée. On ne compte plus les chapelles prêtes à organiser des primaires en vue de la prochaine élection présidentielle. Les initiatives des proches du Président se concurrencent sans parvenir a mobiliser. De son côté la droite n’apparaît guère mieux. Les candidats se bousculent pour la primaire même s’il n’en restera probablement que quelques-uns à pouvoir vraiment s’y présenter.

De son côté, le Front national semble compter les points mais il pourrait avoir à compter avec quelques ennuis judiciaires. (...)

Côté européen, la Commission, avec la complicité active des gouvernements nationaux, continue imperturbablement à propager sa gangrène libérale, malgré le Brexit. Aujourd’hui, c’est l’Espagne et le Portugal qui sont en ligne de mire, accusés de déficits excessifs, bien entendu sans tenir compte des efforts énormes engagés ces dernières années et de la lassitude des peuples. A l’est de l’Europe, la gangrène brune s’étend. L’Autriche s’apprête à recommencer l’élection présidentielle. Roumanie, Pologne, Hongrie, Croatie apparaissent de moins en moins comme des démocraties. Quant aux peuples, ils se détournent de plus en plus de l’Europe, comme on l’a vu avec le référendum en Grande-Bretagne.

Et ce n’est pas la récente embauche de l’ancien président de la commission européenne, Manuel Barroso, par la banque Goldman Sachs, vous savez, celle qui est à l’origine de la crise des subprimes et des déboires de la Grèce, qui va les en dissuader. A noter, d’ailleurs, que la Grèce, un an après l’accord avec la Commission et ses créanciers, n’est évidemment pas sortie d’affaire. Bien au contraire ! Et pendant ce temps-là, on ne compte plus les milliers de morts dans les eaux de la Méditerranée ni la multiplication des attentats un peu partout dans le monde. Petite satisfaction : Bush et Blair commencent enfin à être montrés du doigt pour leur guerre en Irak. De là à ce qu’ils soient traduits devant la Cour pénale internationale...

Je ne voudrais pas finir cet édito sans une note d’optimisme. D’abord et avant tout je vous souhaite de bonnes vacances. Souvenez-vous que c’est aux luttes de 36 que nous les devons !

Ensuite, je souhaite vous faire part de la décision de la direction de Réso de donner à la rentrée à notre association un nouvel élan, pour en faire un outil encore plus imbriqué dans la lutte pour les valeurs que nous partageons.

Je vous donne donc rendez-vous en septembre et espère retrouver nombre d’entre vous à l’occasion de la fête de l’Humanité qui se tiendra cette année du 9 au 11 septembre à la Courneuve.